L’effet métropole sur le développement de l’emploi n’est pas toujours vérifié


"Dynamique de l’emploi dans les métropoles et les territoires avoisinants", France Stratégie et Cget, la note d'analyse N° 64, novembre 2017

Cette note se focalise sur 12 métropoles socioéconomiques, qui représentent les 12 plus grandes aires urbaines de province et qui ont acquis le statut institutionnel au 1er janvier 2016, lors de la première vague d’attribution : ce sont Aix-Marseille, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Nantes, Nice, Rennes, Rouen, Strasbourg et Toulouse. Celles ci sont situées, soit à proximité d’un littoral, soit vers les frontières, peu au centre de la France.

Au 1er janvier 2017, 15 intercommunalités françaises avaient obtenu le statut administratif de « métropole » suite à la loi MAPTAM de 2014; elles seront 7 de plus au 1er janvier 2018.

 

En ce qui concerne les effets d’entraînement, plusieurs groupes de métropoles apparaissent : certaines partagent leur dynamique d’emploi avec les territoires régionaux avoisinants, d’autres se développent en relatif isolat ; d’autres présentent une dynamique d’emploi inversée, plus forte dans les territoires avoisinants qu’au centre; enfin, certains territoires apparaissent à la peine sur le plan de l’emploi. “Au final, la double question de la capacité des métropoles à se développer et à faire rayonner leur dynamisme sur les territoires voisins reste entière.”

 

Les aires urbaines de plus de 500 000 habitants regroupent 43% de la population, et concentrent 46% des emplois et plus de la moitié de la masse salariale. La métropole parisienne pèse pour la moitié et les métropoles de province pour l’autre moitié. Entre 2000 et 2010, selon l’OCDE, la croissance du pays a été générée aux 3/4 sur ces grandes aires urbaines; depuis 2006, c’est la seule catégorie de territoires où l’emploi a progressé.

 

Dans les zones d’emploi englobant les douze métropoles étudiées, la croissance moyenne de l’emploi entre 1999 et 2014 a été de 1,4% par an contre 0,8% sur l’ensemble du territoire.  Les zones d’emploi de Bordeaux, Montpellier, Nantes, Rennes et Toulouse ont vu leur poids dans l’emploi national augmenter fortement entre 1999 et 2014. Celles de Grenoble, Lille, Lyon et Marseille ont enregistré une croissance de l’emploi à peine plus forte que celle de l’ensemble du territoire. Enfin, celles de Nice, Rouen et Strasbourg sont en deçà de la moyenne nationale.

 

Si l’emploi est concentré au centre, en revanche il apparaît plus dynamique aux franges. Dans toutes les métropoles étudiées, le taux de croissance de l’emploi entre 1999 et 2014 a été plus élevé dans les couronnes urbaines que dans les pôles; seul Lyon affiche une croissance équivalente pour l’ensemble des périmètres. En moyenne, la densité d’emplois dans les métropoles (4,4 emplois/hectare) est assez proche de celle des pôles urbains (5,6 emplois/hectare), mais près de 10 fois supérieure à la densité moyenne de l’emploi sur le territoire français (0,47 emploi/hectare).

En moyenne sur ces douze métropoles, le taux de croissance annuelle moyen de l’emploi a été de 1,8% dans les couronnes contre 1,4% dans les pôles. Ce dynamisme observé dans la plupart des aires urbaines, quelle que soit leur taille, est lié à la croissance de la population dans le périurbain et à la recherche d’espaces à proximité des pôles urbains pour l’industrie et la logistique. La plus faible densité d’emplois dans les couronnes y rend les marges de progression plus importantes.

 

L’industrie manufacturière, les services aux entreprises, le commerce de gros et le transport de marchandises, regroupés sous l’intitulé « secteurs de la base compétitive » (36% de l’emploi salarié) contribuent en grande partie au dynamisme des métropoles; le taux de croissance annuelle de l’emploi salarié y est largement supérieur à la moyenne nationale, quel que soit le périmètre des métropoles considéré : entre 2004 et 2010, cet emploi salarié a crû de 0,8% à 0,9% par an dans les pôles urbains, les aires urbaines et les périmètres des métropoles institutionnelles, alors qu’il était en légère baisse (– 0,05%) en moyenne nationale.  Au sein des aires urbaines, la part de la base compétitive dans l’emploi est plus élevée dans les couronnes (41% en moyenne) mais, en niveau, l’emploi reste largement concentré dans les pôles.

 

La bonne performance des métropoles est un atout pour l’économie française. En France, cet effet positif se serait atténué dans les années 2000, la croissance de l’emploi dans les zones périphériques ayant décroché par rapport à celle des aires urbaines métropolitaines. Lorsqu’on analyse les dynamiques régionales en distinguant les zones d’emploi des métropoles, celles qui les entourent et les autres zones d’emploi de la région, on n’observe pas d’effets d’entraînement particulièrement sensibles. L’emploi salarié dans les zones d’emploi des 12 métropoles considérées a crû de 0,65% par an entre 2009 et 2014, alors qu’il a stagné dans les autres zones d’emploi régionales, y compris les zones d’emploi contiguës. L’emploi salarié dans les zones d’emploi situées à la périphérie des 12 métropoles étudiées n’a pas augmenté davantage que dans le reste du territoire en moyenne.

 

Mais la situation est diverse selon les métropoles observées :

 

-Plusieurs métropoles partagent leur dynamisme avec les territoires régionaux avoisinants (forte dynamique de leur zone d’emploi mais aussi des zones d’emploi contiguës et parfois des zones d’emploi plus éloignées de leur région d’appartenance). La métropole et les territoires proches semblent s’inscrire dans une logique de co-développement. Sont dans ce cas
de figure les métropoles de Lyon, Nantes et Aix-Marseille. Dans une moindre mesure Bordeaux  et Rennes sont aussi dans cette situation.  

Certaines métropoles se développent en relatif isolat : il s’agit de Lille, Toulouse et Montpellier.

-D’autres présentent au contraire une dynamique d’emploi plus faible que celle des territoires régionaux avoisinants (Grenoble et Strasbourg)

2 territoires sont en difficulté sur le plan de l’emploi (les métropoles de Rouen et Nice); la zone d’emploi de la métropole comme les territoires avoisinants voient leur emploi décroître. 

Ainsi 5 ont vu leur poids dans l’emploi national augmenter significativement, 4 de façon limitée et 3 ont vu leur poids diminuer sur les 4 dernières décennies.

 

“Au final, la double question de la capacité des métropoles à se développer et à faire rayonner leur dynamisme sur les territoires voisins reste entière.”