Un point sur le revenu et le patrimoine des ménages


"Les revenus et le patrimoine des ménages, edition 2018", Insee, lu juin 2018

Méthodologie : Les principales sources utilisées sont :
– les enquêtes Revenus fiscaux (ERF) de 1970 à 2004, rétropolées depuis 1996 pour être rendues comparables aux enquêtes Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) utilisées à partir de 2005, pour les données sur les niveaux de vie et la pauvreté monétaire en France ;

– le dispositif Statistiques sur les revenus et les conditions de vie (SRCV), ou Statistics on Income and Living Conditions (SILC) pour les comparaisons européennes de pauvreté et d’inégalités de revenus ;

– les dispositifs Revenus fiscaux localisés (RFL) jusqu’en 2011, puis Fichier localisé social et fiscal (Filosofi), pour les données localisées et les données sur les hauts revenus ;

– les enquêtes Patrimoine pour la France et l’enquête européenne Household Finance and Consumption Survey (HFCS) pour les comparaisons européennes de patrimoine ;

– l’enquête Ressources des jeunes (ENRJ) de 2014, pour les ressources des jeunes adultes et leur coût pour leurs parents.

 

⇒ Les revenus

 

En 2015, en France métropolitaine, le niveau de vie médian de la population s’élève à 20 300€ annuels, soit un niveau légèrement plus élevé qu’en 2014 en euros constants, mais toujours en dessous de celui d’avant‑crise.

En 2015 comme en 2014, les inégalités restent stables, à un niveau proche de celui de 2008. Leur évolution sur cette période est plus favorable en France que dans la majorité des autres pays de l’Union européenne (UE), où elles ont augmenté entre 2008 et 2015.

 

Le seuil de pauvreté monétaire, qui correspond à 60% du niveau de vie médian de la population, s’établit à 1 015€ mensuels. 14,2% de la population vit sous ce seuil de pauvreté, un des niveaux les plus bas de l’UE. Les chômeurs ont le plus fort taux de pauvreté (37,3%). 

Le fait marquant de ces vingt dernières années est surtout le développement de la pauvreté des familles monoparentales, dont les membres vivent sous le seuil de pauvreté dans près d’un tiers des cas.

Les différences entre catégories socioprofessionnelles se sont maintenues, même si la situation des agriculteurs exploitants, les plus touchés par la pauvreté, s’est améliorée et celle des artisans, commerçants et chefs d’entreprise, dégradée.

 

De 1970 à 1990, le taux de pauvreté s’est fortement réduit (– 4,1 points) sous l’effet notamment de l’amélioration de la situation relative des retraités; il est resté stable entre 1990 et 1996, puis a diminué de 1,9 point entre 1996 et 2004, pour remonter entre 2004 et 2011 (+1,8 point), notamment du fait de la crise, et depuis évolue peu.

 

Entre 1996 et 2015, les différences de taux de pauvreté entre catégories socioprofessionnelles se maintiennent :

-il est le plus élevé pour les agriculteurs exploitants (24,7% en 2015, quoique en baisse de 10 points depuis 1996),

les artisans, commerçants et chefs d’entreprise voient leur taux de pauvreté augmenter le plus fortement : alors qu’en 1996, il était proche de celui des ouvriers (17,8% contre 16,1% pour les ouvriers), en 2015, il se situe quasiment au niveau des agriculteurs exploitants (21,4%). 

-Les professions intermédiaires et les cadres et professions intellectuelles supérieures maintiennent, quant à eux, les taux de pauvreté les plus bas sur la période : 4,7% et 3,1% en 1996, contre 5,3% et 3,1% en 2015.

 

Noter que le revenu disponible médian, qui partage la population des ménages en deux parties égales, est de 30 040€ (2 503€ par mois). Les 10% de ménages les plus modestes ont un revenu disponible inférieur à 13 630€ (1 136€ par mois), et les 10% les plus aisés un revenu supérieur à 63 210€ (5 268€ par mois); au milieu de la distribution, 60% des ménages ont un revenu disponible mensuel compris entre 1 456 et 4 113€. 

Globalement, les revenus disponibles des ménages (hors CSG et CRDS chiffrant à 9,7%) se répartissent entre revenus de l’activité (67% dont revenus salariaux 61,7%, revenus indépendants 5%), pensions et retraites 26,4%, revenus du patrimoine 8,6%, prestations sociales 5,8%.

 

Par ailleurs, les prestations sociales chiffrent 59Md€ répartis entre prestations familiales, allocations logement et minima sociaux. 11,6 millions de ménages en bénéficient représentent (5,8% du revenu disponible de l’ensemble des ménages) mais jouent un rôle plus important pour les ménages les plus jeunes : 10,8% du revenu disponible des ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans et 8,8% quand la personne a entre 30 et 49 ans et 5% pour les 50 ans ou plus. 

-En 2015, 7 millions de ménages bénéficient de prestations familiales, hors aides au mode de garde, pour un montant moyen de 3 450€ annuels.

-Les aides au logement concernent 6,4 millions de ménages, pour un montant moyen annuel de 2 490€.

-3,5 millions de ménages perçoivent au moins un des revenus minima garantis relatif au revenu de solidarité active (RSA), à l’allocation aux adultes handicapés (AAH) ou aux allocations permettant d’atteindre le minimum vieillesse (notamment l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), en moyenne 5 290€ par an.

 

En définitive, 42% des ménages perçoivent au moins une prestation sociale en 2015. Pour les ménages les plus modestes (niveau de vie inférieur au 1er décile), les prestations sociales représentent 47,6% du revenu disponible, contre 0,5% pour les ménages les plus aisés (niveau de vie supérieur au 9éme décile).

 

En 2015, la population de la France métropolitaine, de la Martinique et de La Réunion a un niveau de vie médian de 20 490€.

Le niveau de vie est généralement supérieur dans les grandes aires urbaines (grands pôles, couronnes des grands pôles et communes multipolarisées), qui regroupent 83% de la population.

À l’intérieur de cet espace urbain, il est plus faible dans les pôles (20 500€) que dans les couronnes (21 730€) et, au sein des pôles, plus faible dans les villes‑centres (19 330€) que dans les banlieues (21 280€).

La pauvreté monétaire y est particulièrement élevée dans les villes‑centres, où plus d’un habitant sur cinq est pauvre. Ce sont d’ailleurs dans ces espaces que les quartiers de la politique de la ville sont les plus nombreux;plusieurs aires urbaines ont des taux de pauvreté supérieurs à 23% (Valenciennes, Béziers, Calais ou Douai‑Lens).

Les moyennes et petites aires urbaines ont un niveau de vie médian plus faible que les grandes, et les couronnes y ont un niveau de vie plus élevé que les pôles urbains. Les
communes isolées hors de l’influence des pôles ont le niveau de vie médian le
plus faible de toutes et la pauvreté y est plus fréquente que la moyenne (17,1%). 

 

⇒ les patrimoines

 

Début 2015, la moitié des ménages vivant en France déclarent un patrimoine brut supérieur à 158 000€. Les biens immobiliers représentent plus des 2/3 du patrimoine brut des ménages situés au milieu de la distribution.

 

Les inégalités de patrimoine ont augmenté entre 1998 et 2015, même si elles baissent légèrement depuis 2010. Le patrimoine financier et immobilier moyen a augmenté entre 1998 et 2015 pour l’ensemble de la distribution sauf pour les 20% des ménages les moins dotés. Les 70% des ménages les mieux dotés ont bénéficié de la forte valorisation du patrimoine immobilier (+ 133% en € courants) sur la période, surtout entre 1998 et 2010.

Le patrimoine immobilier a plus que doublé en presque vingt ans :  cette conjoncture a profité aux 70% des ménages les mieux dotés en patrimoine brut avec une augmentation de 121% à 240% de leur patrimoine immobilier, à l’inverse des ménages du bas de la distribution, très peu détenteurs de biens immobiliers. Le clivage entre ménages peu et bien dotés en patrimoine tient avant tout au fait de détenir un bien immobilier.

Sur l’ensemble des ménages endettés par l’emprunt bancaire, les sommes encore dues représentent en moyenne 1,7 année de leurs revenus ; mais 10% des ménages endettés doivent encore rembourser plus de 4,3 années de revenus.

 

De même, le patrimoine financier a augmenté de 75% entre 1998 et 2015, essentiellement durant la période 2004‑2010, profitant à tous, sauf aux 20% des ménages les moins dotés. 

Cela bénéficie aux 10% de ménages les mieux dotés, dont le portefeuille est très diversifié : en 2015, 42% des actifs sont placés sur des assurances‑vie (dont la moitié est investie sur des contrats multi‑supports), 26% en valeurs mobilières (actions cotées ou non, Sicav, obligations, etc.), et 11% seulement sur des produits réglementés (livrets défiscalisés, épargne‑logement).

À l’inverse, 65% du patrimoine financier des 10% de ménages les moins bien dotés est placé sur un compte courant, à rendement nominal nul ou presque et sur des livrets d’épargne défiscalisés.

 

Le taux d’épargne est en effet globalement croissant avec le niveau de vie ; il est particulièrement élevé pour les 20% de ménages aux niveaux de vie les plus élevés.