61% des salariés et 63% des chômeurs vivent à proximité de l’endroit où ils sont nés ; l’on reste sur son territoire avant tout pour des raisons personnelles, mais on le quitte souvent pour des raisons professionnelles ; la moitié des répondants ne sont pas prêts à déménager pour trouver un emploi


« Emploi et territoires », CSA pour le Conseil d’orientation pour l’emploi, à l’occasion du colloque « Emploi et territoires », octobre 2015

Méthodologie : 1 015 salariés et 506 chômeurs interrogés du 3 au 12 juillet

Catégorie d’agglomération :

Communes rurales : communes de moins de 2 000 habitants

Petites villes : communes situées dans l’aire urbaine d’une commune de 2 000 à 20 000 habitants (hors agglomération parisienne)

Villes moyennes : communes situées dans l’aire urbaine d’une commune de 20 000 à 100 000 habitants (hors agglomération parisienne)

Grandes villes : communes situées dans l’aire urbaine d’une commune de plus de 100 000 habitants (hors agglomération parisienne)

Agglomération parisienne : commune située dans l’agglomération parisienne

Régions INSEE : les nouvelles régions

61% des salariés et 63% des chômeurs vivent à proximité de l’endroit où ils sont nés ; seule l’agglomération parisienne échappe un peu à cette logique (seuls 53% des salariés franciliens y sont nés) ; pour ceux qui sont nés à proximité d’où ils habitent, le choix est avant tout personnel (famille, qualité de vie…) et concerne davantage les chômeurs (86 contre 77%), alors que les salariés vivent là où ils sont, bien plus souvent pour raisons professionnelles (54 contre 35%) :

 

Commune rurale

Petite vile

Ville moyenne

Grande ville

Agglo parisienne

Ensemble

Salariés

69

61

62

61

53

61

Chômeurs

59

60

66

65

60

63

Les motifs personnels priment davantage chez les jeunes, les employés et ouvriers, tandis que les motifs professionnels sont plus souvent invoqués chez les cadres et les professions intermédiaires.

Il semble que l’on reste sur son territoire avant tout pour des raisons personnelles, mais qu’on le quitte souvent pour des raisons professionnelles.

Tous les territoires ne bénéficient pas des mêmes atouts aux yeux des actifs : d’un côté, des petites communes et une France du Sud et de l’Ouest où l’on vit plus souvent pour des raisons personnelles (que ce soit pour y rester ou venir s’y installer), et de l’autre des grandes villes et une agglomération parisienne où l’on réside plus souvent pour des raisons professionnelles.

 

Les régions où l’on reste le plus

Les régions où l’on s’installe le plus

Raisons personnelles

Raisons professionnelles

Raisons personnelles

Raisons professionnelles

Salariés

Midi-Languedoc 94%

Paca 89%

Agglo parisienne 36%

Aquitaine Poitou-Charentes 61%

Communes rurales 59%

Midi- Languedoc 54%

Province 50%

Agglo parisienne 67%

Communes cadres ++ 62%

Chômeurs

Petites villes 94%

Agglo parisienne 24%

Communes rurales 78%

Province 70%

Agglo parisienne 51%

Communes cadres ++ 59%

« Ce qui fait un territoire » 

3 attentes concernant le lieu de vie apparaissent nettement en tête : le dynamisme économique (53% chez les salariés, 52% chez les chômeurs), le cadre naturel (51% et 48%) et l’offre de logements et les prix de l’immobilier (45% et 50%) ; sont nettement moins souvent citées les transports, l’accès aux soins, les équipements scolaires et sportifs.

Cette hiérarchie est d’autant plus intéressante qu’elle ne correspond pas exactement à ce que les sondés décrivent comme les caractéristiques du territoire où ils vivent ; si 83% des salariés et 77% des chômeurs sont satisfaits du cadre naturel de leur territoire, le constat est en effet beaucoup plus mitigé en ce qui concerne le dynamisme économique et l’offre de logements, une majorité de chômeurs estimant que la situation n’est pas satisfaisante dans ces domaines (respectivement 62% et 59%), tout comme une part importante de salariés (47% et 53%).

La question du logement est jugée préoccupante en Ile-de-France et en région PACA ; par contre, l’accès à un certain nombre de services est jugé satisfaisant, tout comme dans les grandes agglomérations : 79% de salariés satisfaits pour l’accès aux nouvelles technologies (89% dans les grandes agglomérations), 78% pour les équipements culturels et sportifs (83% dans les grandes villes), 76% pour les établissements scolaires et universitaires (87% dans les grandes villes), 73% pour l’accès aux soins (85% dans les grandes villes) ; la satisfaction est en revanche un peu moindre pour les réseaux de transport, même si elle reste majoritaire (61%), et encore plus importante dans les grandes villes (75%).

En définitive, les salariés sont très majoritairement satisfaits du cadre naturel et de l’offre de services, mais plus partagés sur le dynamisme économique et le logement ; les chômeurs sont plus sévères sur le dynamisme économique et le logement dans leur territoire. Au final, les efforts dans les territoires sont surtout à concentrer sur le dynamisme économique et le logement.

Interrogés sur leur facilité à accéder à l’emploi dans leur territoire, les perceptions des salariés et des chômeurs divergent : 64% des premiers déclarent que cela a été pour eux une chose facile alors que seuls 31% des seconds considèrent que leurs perspectives de retrouver un emploi dans les trois mois sur leur territoire sont bonnes.

Pour ce qui est des salariés, le sentiment de difficulté est plus important chez les catégories sociales les plus défavorisées, le niveau de diplôme étant le facteur le plus discriminant : 58% des salariés sans diplôme déclarent ainsi avoir rencontré des difficultés. C’est aussi le cas de 42% des ouvriers et employés et de 42% des habitants de communes rurales ; ces difficultés sont en revanche moindres chez les salariés les plus favorisés : 73% des CSP+ affirment avoir trouvé facilement un travail, tout comme 70% des personnes ayant un diplôme supérieur à bac+2.

Les clivages sont en revanche beaucoup moins nets chez les chômeurs. A l’exception des habitants de l’agglomération parisienne (49% de bonnes perspectives perçues), tous les chômeurs sont pessimistes sur les conditions de leur retour à l’emploi, et ceci qu’ils soient diplômés ou pas ; c’est le manque d’offres qui est la première explication, et plus particulièrement le manque d’offres

«correspondant à mes qualifications» (55% des chômeurs, 41% chez les salariés). Le manque d’offres d’emploi « sur le territoire » est également souvent cité (41% chez les salariés, 43% chez les chômeurs), ainsi que le manque d’offres «correspondant à ses aspirations» à un degré un peu moindre (31% et 38%). Les chômeurs les plus diplômés et les CSP+ pointent principalement le manque d’offres en rapport avec leurs qualifications, tandis que les ouvriers ou les habitants de petites villes évoquent plutôt le manque d’offres « tout court ». Les difficultés de transport sont évoquées par 24% des chômeurs de moins de 30 ans.

En définitive, 64% des salariés disent qu’il leur a été plutôt facile (dont 11% très facile) de trouver un emploi, alors que 69% des chômeurs estiment difficile la perspective de trouver un emploi sur leur territoire ; ce pessimisme est généralisé chez les chômeurs, quels que soient leur âge ou leur niveau de diplôme, sauf les chômeurs résidant dans l’agglomération parisienne (49% de bonnes perspectives perçues).

En ce qui concerne l’activité économique, les salariés estiment leur territoire plus avantagé que les chômeurs ne l’estiment, notamment dans l’un et l’autre cas les CSP+, les diplômés bac+2 et au-delà et pour les salariés les jeunes :

Par rapport au reste de la France

Plutôt avantagé

Comme le reste de la France

Moins que la France

Salariés

39

37

24

Chômeurs

26

37

37

Les habitants des grandes agglomérations s’estiment nettement mieux lotis que ceux des plus petites villes. Le Nord-Picardie (37% pour les salariés et 41 pour les chômeurs) et le Grand Est (32% et 47%) sont les plus durement touché ; la moyenne France est à 18%.

Pour les 5 prochaines années, 38% des salariés et 37% des chômeurs attendent une amélioration (plus les cadres, les diplômés, les habitants des grandes villes) ; 41% des salariés et 40% des chômeurs s’attendent à une dégradation (plus  les employés et ouvriers, les moins diplômés, les plus âgés, les habitants de petites villes et communes rurales).

Salariés et chômeurs sont assez partagés sur la question de la mobilité : une majorité d’entre eux (56% et 55%) déclarent ainsi ne pas être prêts à déménager pour trouver un emploi. Cette propension est plus forte dans les communes où le chômage est élevé, alors que les CSP+ et les jeunes sont ainsi les plus enclins à déclarer être prêts à changer de territoire pour rechercher un emploi, tandis que les ouvriers et employés et les plus âgés déclarent qu’ils sont moins prêts à le faire. Les femmes sont plus réticentes à déménager (62% contre 47 pour les hommes), y compris quand elles sont au chômage.

Les freins déclarés à la mobilité sont principalement de deux ordres : personnels et financiers. Si le fait de ne pas s’éloigner de ses proches est la première raison citée par salariés et chômeurs (45% chez les deux), ces deux catégories se distinguent sur les autres raisons citées. Les chômeurs citent ainsi fréquemment le coût d’un déménagement (38%), tandis que les salariés citent plus souvent l’attachement à leur territoire (47%).

A défaut de déménager, de nombreux chômeurs sont toutefois prêts à de plus grands sacrifices que les salariés pour trouver un emploi. Près de la moitié d’entre eux (46%) se disent ainsi prêts à changer de métier ou de secteur, suivre une formation (42%) ou accepter un emploi à temps partiel (43%) ; un chômeur sur trois (33%) se dit même prêt à « accepter un emploi moins bien rémunéré », et 21% accepteraient « des horaires plus contraignants ».

Les chômeurs les plus diplômés sont ceux qui accepteraient le plus volontiers de changer de métier, de baisser leur rémunération ou de suivre une formation, tandis que les anciens ouvriers accepteraient davantage de travailler avec des horaires plus contraignants ; près d’une femme au chômage sur deux se dit prête à accepter un temps partiel ; noter qu’1/3 des personnes à la recherche de leur 1er emploi et qu’une certaine partie des personnes serait prête à créer son entreprise.

Le temps de déplacement domicile-travail semble en revanche ne pas devoir dépasser un certain seuil, puisque salariés et chômeurs estiment à 1 heure ce temps de trajet (aller-retour) maximum. Celui-ci est toutefois un peu plus élevé dans l’agglomération parisienne (72 minutes pour les salariés, 76 minutes pour les chômeurs).

En 2012, en France métropolitaine, un salarié en équivalent temps plein coûte au total en moyenne 51 839€ par an à son employeur dans les entreprises de dix salariés ou plus (soit 34,3€ de l’heure effectivement travaillée dans le privé).