Les auto-entrepreneurs en activité n’ont pas envie de changer de statut : 47% ont de fait une autre activité qu’auto-entrepreneur ; la moitié sont de type cadre/profession intermédiaire ; 50% y ont consacré moins de la moitié de leur temps disponible, l’auto-entrepreneuriat apportant en moyenne 44% des revenus.


Observatoire de l’Auto-Entrepreneur/Opinion Way pour l’Union des Auto-Entrepreneurs et la Fondation Le Roch Les Mousquetaires 6éme vague

Interrogation de 1 184 auto-entrepreneurs représentatifs des auto-entreprises crées depuis 2009, entre le 24 octobre et le 8 novembre, et regard croisé entre 663 créateurs ayant crée entre juillet 2006 et décembre 2010 et 335 auto-entrepreneurs, interrogés en mai 2011.

 

47% exercent en parallèle une autre activité : 27% comme salariés (dont 4% fonctionnaires), 19% comme retraité et 1% en tant qu’étudiant ; 10% déclarent être chômeurs (dont 5% non indemnisé) et 43% n’avoir aucune autre activité (55% en BTP, 49% de femmes, et 51% de 30-49 ans). Des chiffres proches, en tendance, des vagues précédentes.

La moitié d’entre eux ont un niveau de qualification de type cadre/profession intermédiaire (33% cadre, 10% technicien et 7% agent de maitrise), plus souvent que les créateurs observés dans les enquêtes SINE interrogeant l’ensemble des créateurs ; 32% sont de niveau employé et 14% ouvrier. 4% seulement n’ont jamais été salarié.

 

23% des auto-entrepreneurs interrogés disent avoir quitté ce statut, très majoritairement par abandon simple (33%),  parce que cela ne marchait pas (32%), ou parce qu’ils ont été radiés de ce statut ; 17% en ont changé pour poursuivre notamment sous forme de société (soit 4% de l’ensemble des auto-entrepreneurs depuis 2009).

Ceci étant, comme dans les précédentes vagues une minorité envisage de faire évoluer leur activité vers un statut d’entreprise classique (24% des auto-entrepreneurs toujours en activité, dont 40% dans la catégorie chômeur et 40% pour ceux qui consacrent à leur activité au moins 80% de leur temps), mais pour 69% pas avant un an. Notons que ceux qui ont effectivement changé de statut l’ont fait en quasi totalité dans un délai inférieur à 18 mois (32% en moins de 6 mois, 21% entre 6 mois et un an et 41% entre un et deux ans).

La majorité (61%) des auto-entrepreneurs en activité, souhaite conserver le statut d’auto-entrepreneur alors que 15% envisage de cesser (dont 33% pour les retraités, 22% les cadres et 23% pour ceux qui consacrent moins de 30% de leur temps à leur entreprise).

 

Selon cette enquête, entre 62 et 83% des auto-entrepreneurs interrogés ont réalisé des recettes, ce qui au final se conclurait par 80% à avoir réalisé des recettes depuis l’immatriculation ; mais paradoxalement, seuls 63% disent avoir établi des prix de vente :

Immatriculation

En 2009

En 2010

Au premier semestre 2011

Au second semestre 2011

% ayant réalisé des recettes

83

80

77

61

 Rappelons à titre de comparaison que selon l’Acoss à fin 2010, les 635 153 auto-entrepreneurs en activité ont été 62% à réaliser du chiffre d’affaires au cours de 2010.

 

La majorité (prés de 60%) de ceux qui ont fait du chiffre d’affaires, déclare avoir facturé moins de 10 000€  annuels depuis le début 2011 ; la moyenne de chiffre d’affaires pour ceux qui ont facturé, est de 13 232€ annuels, contre 7 384€ en 2010 :

Chiffre d’affaires

Moins de 100€

De 1 000 à 2999€

De 3 000 à 4 999€

De 5 000 à 9 999€

DE 10 000 à 19 999€

20 000€ et plus

Refus de répondre

% ayant réalisé des recettes

15

22

9

9

15

24

6

 55% disent avoir facturé au cours de chaque trimestre de 2010 ; 53% en 2011 (base de 3 déclarations).

 

48% de ceux qui ont facturé, ont passé au moins la moitié de leur temps à leur auto-entreprise et 35% moins de 30% de leur temps, ce qui donne une moyenne de 54% (59% pour les chômeurs, 66% le BTP, 74% ceux qui n’ont pas d’activité parallèle, 44% pour les cadres):

Temps passé

100%

80 à 99%

50 à 79%

30 à 49%

Moins de 30%

Nsp

% ayant réalisé des recettes

20

9

19

17

30

1

Ceux qui ont réalisé un chiffre inférieur à 10 000€ ont passé entre 38 et 48% de leur temps contre 66% pour ceux qui ont facturé au moins 10 000€.

 

Les revenus tirés de leur activité d’auto-entrepreneur représente 44% des revenus totaux de leur dirigeant (plus pour ceux qui ont consacré au moins les 2/3 de leur temps avec 80%, ou encore pour les auto-entrepreneurs sans activité avec 59%, moins pour les cadres avec 36%) :

% des revenus

100%

80 à 99%

50 à 79%

30 à 49%

10 à 29%

Moins de 10%

Nsp

% ayant réalisé des recettes

20

5

8

10

19

34

3

 83% n’ont pas l’intention d’embaucher ; 3% l’envisage d’ici 12 mois et 12% d’ici 2 ou 3 ans voire plus. Pourquoi cette intention de non embauche ? La raison principale est le fait de ne pas en avoir besoin (67%) ; en complément, sont cités le fait de ne pas le souhaiter (pas envie, 23% ou encore cela obligerait à changer de statut,10% et pas prévu 8%), l’activité insuffisante de l’entreprise (22%), les charges trop élevées (15%), le fait de ne pas en avoir les moyens (13%), très peu la gestion au quotidien de salariés et l’embauche difficile, ce qui confirme le fait de ne pas souhaiter se développer.

 

44% n’ont pas constitué de fonds propres et 28% au plus 5 000€ ; 7% ont réuni entre 5 et 10 000€ et 21% plus de 10 000€. 91% n’ont pas fait appel à l’emprunt bancaire et 6% à 10 000€ ou plus d’emprunt.

 

Si c’était à refaire, 88% choisirait encore ce statut (95% les retraités, 91% les femmes et ceux qui n’ont pas d’autre activité…) ; 42% disent en être très satisfait et 47% satisfait. Pour 81% c’est un bon tremplin pour lancer son entreprise (dont très bon pour 46%) ; 18% sont d’un avis contraire, mais ce sont plutôt ceux qui veulent changer de statut (34%) et les moins de 30 ans (26%).

Ce statut permet selon leurs dires d’aménager le temps de travail (92%, dont tout à fait d’accord 57%), de concilier plus facilement vie familiale et vie professionnelle (87%, dont tout à fait d’accord 48%) et de s’épanouir professionnellement (86%, dont 47% tout à fait d’accord). Ce sont les femmes, ceux qui n’ont pas d’autre activité en parallèle, et ceux qui ne veulent pas changer de statu, qui sont les plus satisfaits.

Et puis pour 77% le sentiment de prendre un risque en créant de cette façon, n’est pas perçu comme important (cela est encore plus vrai pour les cadres et les services aux entreprises).

Pourtant, en ce qui concerne l’avenir de leur entreprise, la note moyenne est de 60 sur 100 (32% attribue une note d’au moins 80, 22% une note de 60 à 80 et 20% une note inférieure à 50) ; ceux qui ont les meilleurs revenus, et ceux qui passent le plus de temps, les activités de BTP, les moins de 30 ans ont de fait des notes entre 65 et 70 ; les moins confiants sont les chômeurs et ceux qui ont crée dans le commerce (ambulant notamment).

 

40% n’ont aucune attente en ce qui concerne un recours à l’accompagnement ; celui-ci se focalise sur le commercial (25% en moyenne, 35% les chômeurs, 31% les auto-entrepreneurs sans activité en parallèle) et la gestion/comptabilité/fiscalité (24% en moyenne, 44% les moins de 30 ans, 33% ceux qui font le plus de chiffre et 34% les chômeurs), les autres attentes ne recueillant que 5 à 13%.

 

Nombre de propositions formulées dans l’enquête leur paraissent inutiles : 76% estiment inutile une formation reconnue en entrepreneuriat, 73% l’accès à des fonds d’investissement, 65 à 69% l’accès à des commandes de grandes entreprises, ou à des commandes publiques, 63% la mise en contact avec d’autres chefs d’entreprise, 59% le soutien d’un expert bénévole (en commercial, juridique, communication…) ; de 3 à 6% jugent l’un ou l’autre recours indispensable. Il est vrai aussi que peu ont contacté un conseil ou un expert-comptable (19%). Entre 19 et 43% jugent utile l’une ou l’autre proposition ; on y trouve notamment les plus impliqués, et par ailleurs les jeunes (les populations vers qui axer l’accompagnement):

En %

Moyenne

Moins de 30 ans

Femmes

auto-entrepreneur comme seule activité

Envisagent de faire évoluer leur statut

Temps passé <80%

CA de plus de 10 000€

Améliorer l’accès à l’information

43

65

48

51

56

55

 

Interlocuteur unique vers qui se retourner

39

 

47

44

57

48

 

Soutien d’un expert bénévole

30

 

35

(51% les chômeurs)

49

   

Permettre d’accéder plus facilement au marché public

28

51

 

34

43

40

 

Favoriser la mise en contact avec d’autres chefs d’entreprise

25

42

   

43

33

32

Permettre d’accéder plus facilement à la commande des grandes entreprises

25

50

   

46

 

36

Faciliter l’accès au financement (banque, BA…)

19

47

   

36

28

24

Formation en management reconnue et diplômante

19

41

23

(34% les chômeurs)

34

26

23

 Une comparaison croisée des auto-entrepreneurs et des créateurs classiques montre en premier lieu que l’image de l’auto-entrepreneuriat est proche :

– Ce statut est beaucoup plus simple que les autres statuts d’entreprise (entreprises individuelles et sociétés) pour 93% des auto-entrepreneurs et 79% des autres créateurs

– Il est intéressant pour ceux qui souhaitent n’avoir qu’une activité à temps partiel (83 et 88%)

– Il est une étape transitoire, le temps de tester une idée avant de développer une entreprise classique (80 et 83%) ; à ce jour, ce n’est toutefois pas le cas, la très grande majorité des auto-entrepreneurs n’envisageant pas de changer de statut.

 

Par contre, les créateurs non auto-entrepreneurs sont nettement plus nuancés sur la réussite de ce statut :

–  C’est une des meilleures mesures lancées par le gouvernement (83 contre 49% pour les non-auto-entrepreneurs)

–  C’est une très belle réussite (84% favorable contre 58)

–  Cela montre que les français ont de plus en plus le goût d’entreprendre (83 contre 58%)

– Cela favorise beaucoup la diminution du travail illégal en France (62 contre 48%)

– Cela permet à beaucoup de personnes de sortir de leurs difficultés financières (55 contre 40%)

– L’auto-entrepreneur accentue la précarisation du marché du travail (40% contre 54% pour les autres créateurs)

 

Les raisons du choix de ce régime sont très liées à sa définition même:

Les auto-entrepreneurs ont choisi ce statut parce qu’ils « ne paient des taxes que si on encaisse un chiffre d’affaires» (63%) ; « ce régime allège les charges administratives pour déclarer son activité » (48%), et permet des revenus complémentaire dans une autre activité (31%).

Pour leur part les autres créateurs n’ont pas fait ce choix parce que les seuils de chiffre d’affaires sont trop bas (47%), la TVA non récupérable (24%) ; pour 27% ce statut n’est pas clair (manque d’information sur l’assurance maladie et la retraite) ; pour 18% « on me l’a déconseillé ».

 

Dans la prolongation de cette question, le fait d’envisager d’investir (41% pour les auto-entrepreneurs contre 51% pour les autres créateurs) et plus encore le type d’investissement est explicite : les auto-entrepreneurs se focalisent en priorité sur l’achat de matériel de production (49% contre 26), et moins sur les achats de service (10 contre 19%) ou le rachat d’une autre entreprise ou établissement 1 contre 6%) ; le fait de ne pas disposer dans l’enquête des montants et des délais de mise en œuvre, limite grandement l’observation.

 

Les 2/3 des créateurs non auto-entrepreneurs se disent prêts à aider et donner des conseils à un auto-entrepreneur (dont tout à fait prêts, 28%) ; forts de leurs expériences, deux conseils  sont plus souvent cités, bien connaitre son marché (43%) et s’informer pour choisir le bon statut juridique (34%) ; suivent parmi les plus souvent cités, bien rédiger son plan de développement (23%), bien bâtir son plan de financement, 20% s’entourer du conseil des réseaux d’accompagnement et 17% se faire aider par un expert-comptable, 15% trouver des financements pour garantir sa trésorerie.