Travailler pendant ses études est un atout pour un étudiant


"20 ans d’insertion professionnelle des jeunes : entre permanences et évolutions" Cereq, Essentiels 2018/1

Un article issu d’une ouvrage collectif du CEREQ

 

 

⇒ Les étudiants sont 21% à avoir travaillé au moins 8 heures par semaine pendant leurs études

 

Les enquêtes du Céreq indiquent que la part des sortants de l’enseignement supérieur qui disent avoir travaillé régulièrement au cours de leurs études, au moins 8 heures par semaine et tout au long de l’année scolaire a augmenté de 8 points en 20 ans (de 13% pour la génération 1992 à 21% pour celle sortie en 2004 et s’est stabilisée à ce niveau pour la génération 2010.

 

Parallèlement, on observe une baisse de 10 points des jobs de vacances et petits boulots entre les générations 1992 et 2010 (même si 60% des étudiants restent concernés par ces formes plus ponctuelles d’emploi à la génération 2010) montrant l’enracinement du travail étudiant en tant que source de financement des études.

 

On assiste également à une montée en puissance des stages (et notamment des stages de plus de 3 mois assimilables à des stages rémunérés) ainsi qu’à un fort développement de l’apprentissage (quasiment inexistant en 1992, il concerne près de 15% des sortants de la génération 2010).

 

Les étudiants peuvent cumuler ou alterner ces situations de salariat, certaines étant totalement intégrées au cursus d’études et d’autres non, selon leurs besoins financiers et/ou le déroulement de leur cursus. Sans préjuger pour l’instant de l’intérêt de ces différentes formes d’activité, il est clair que, en 20 ans, la part des étudiants ayant travaillé pendant leurs études contre rémunération s’est globalement accrue.

 

⇒ Pourquoi ce travail?

 

La première explication est le besoin de financement des études supérieures.

Une deuxième explication vient de l’assurance qu’il procure contre le risque de chômage à l’issue des études; près de 50% des jeunes, en moyenne, conserve cet emploi après la sortie. C’est particulièrement le cas des sortants après une ou deux années d’enseignement supérieur sans atteindre la licence, diplômés d’un bac général ou professionnel, c’est-à-dire les décrocheurs.

 

⇒ Quel impact sur l’insertion professionnelle?

 

Les étudiants qui ont travaillé pendant leurs études ont passé moins de temps au chômage au cours de leurs 5 premières années de vie professionnelle que ceux n’ayant jamais travaillé (de l’ordre de 30%). Cet effet « protecteur » du travail en cours d’études demeure lorsqu’on tient compte, par ailleurs, des caractéristiques individuelles de l’étudiant susceptibles également d’améliorer l’insertion professionnelle : genre, statut et CSP des parents, raisons d’abandon des études, retard scolaire et plus haut niveau de diplôme obtenu. Il s’avère d’autant plus important que l’insertion s’est déroulée dans une mauvaise conjoncture économique.

 

Pour certains, il s’agissait de financer la recherche de leur premier emploi ; mais pour d’autres, continuer l’emploi étudiant était un moyen de faire face à la difficulté de trouver un autre emploi, stable et qualifié.

Il est alors intéressant de constater que les étudiants qui n’ont pas gardé leur emploi d’étudiant ont également connu moins de chômage, de même que ceux qui ont eu un petit boulot ou un job de vacances. Le travail étudiant peut donc constituer un signal d’employabilité et permettre, en début de trajectoire, un accès plus rapide à l’emploi. L’effet semble même supérieur à celui des stages courts ou longs, mais ne préjuge évidemment pas de la qualité de l’emploi trouvé. 

 

Par ailleurs, le salaire moyen des étudiants salariés de la cohorte 1992 est effectivement supérieur à celui des étudiants « comparables » n’ayant pas travaillé pendant leurs études. Cet effet est particulièrement net chez les étudiants qui n’avaient pas gardé cet emploi, validant l’hypothèse d’un signal d’employabilité supplémentaire. En revanche, le travail étudiant est sans effet sur le salaire à 5 ans des 3 cohortes suivantes.

Cette absence d’effet à 5 ans sur le salaire peut signifier que le « coup de pouce » donné par l’emploi étudiant en début de vie professionnelle pour la génération 1998, s’est estompé au fil des expériences professionnelles acquises dans des emplois plus qualifiés que les emplois étudiants. À l’appui de cette explication, on voit que même les emplois en lien avec les études sont sans impact sur le salaire à 5 ans.

 

Par contre, en 2004, les étudiants salariés qui ont gardé leur emploi étudiant après la sortie, et tout particulièrement ceux dont les emplois n’avaient pas de lien avec leurs études, ont un malus salarial au bout de 5 ans. Si conserver un emploi étudiant « alimentaire » leur a permis de financer en partie leurs études et d’éviter le chômage après la fin de celles-ci, cela a pu, aussi, réduire l’efficacité de la recherche d’un emploi qualifié et bien rémunéré.

 

Enfin avoir connu plus de trois mois de stages au cours de ses études procure toujours et contrairement aux autres formes de cumul, un léger avantage salarial, venant ainsi confirmer le caractère professionnalisant des stages longs.

 

Le fait de se réaliser professionnellement dans son travail est un deuxième indicateur de qualité de l’emploi occupé. Il se peut que l’étudiant qui a déjà travaillé ait une meilleure information sur la manière dont le marché du travail fonctionne, ou une idée plus précise de son projet professionnel ou encore qu’il ait accès à des réseaux professionnels qui vont faciliter sa recherche d’un emploi conforme à ses aspirations. La satisfaction professionnelle des étudiants salariés de deux générations sur quatre, et notamment de ceux qui ont eu un emploi étudiant en relation avec leurs études, est effectivement plus grande au bout de 5 ans. C’est également le cas des étudiants des générations 92 et 98 qui n’ont eu qu’un simple job, ce qui confirme le pouvoir d’acculturation au monde du travail qu’ont pu avoir ces emplois en cours d’étude. Cet effet est faible en ce qui concerne les stages courts. 

 

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