Plus d’emploi dans les commerces/services et moins de productivité entre 1979 et 2008


Document de travail de l’Insee G 2011/10 « La tertiarisation de l’économie française et le ralentissement de la productivité entre 1978 et 2008 »

La part de l’emploi marchand dans le commerce/services est passée de 46,6% en 1978 à 65,8 en 2008, alors que celle de l’industrie passait de 31,8% à 19,9 :

Part de l’emploi total en %

Services/commerce

Industrie

Construction

Agriculture,

Sylviculture pêche

2008

65,8

19,9

10,5

3,8

1979

46,6

31,8

11,3

10,3

                L’intérim est reventilé au sein des activités où il est employé

 

Cette évolution est inégale selon les secteurs d’activité ; observons les activités les plus importantes au sein de l’industrie, et au sein des services/commerce :

Industrie

 

Services/commerce

Activité

2008

1978

 

Activité

2008

1978

Agro-alimentaire

17,8

10,9

 

Commerce (détail, gros, auto, réparation)

30,0

37,7

Métallurgie/métaux

13,7

14,7

 

Activité de service administratif et de soutien aux entreprises

12,4

7,5

Caoutchouc, plastique…

9,5

8,6

 

Transports et entreposage

11,6

14,1

Matériel de transport

8,3

9,3

 

Activité d’ingénierie, de contrôle et d’analyses techniques

10,1

6,7

Bois, papier, imprimerie

7,1

7,0

 

Hébergement et restauration

8,6

7,5

Machines et équipements

6,4

6,2

 

Activité financière et d’assurance

7,0

9,2

Textile, habillement

4,2

14,2

 

Arts, spectacles, activités récréatives

4,3

2,9

Produits informatiques, électroniques et optiques

4,1

4,2

 

Informatique et communication

3,3

1,6

Eau, assainissement, gestion déchets

4,1

1,2

 

Recherche&développement

1,8

1,9

Chimie

4,0

4,3

 

Activités des ménages en tant qu’employeur

1,9

1,5

Electricité, gaz

3,7

2,6

 

Edition, audiovisuel, diffusion

1,7

1,6

Equipements électriques

3,0

3,0

 

Télécommunications

1,2

2,0

Industrie pharmaceutique

2,3

1,3

 

Autres services

6,0

6,0

Autres

11,7

12,6

       

Total

100

100

 

Total

100

100

             

Par contre le gain en productivité du travail a baissé : de 2,6% par an en moyenne dans les années 80, elle passe à 1,9% dans les années 90, puis à 1% entre 2000 et 2008 ; elle atteignait 5% au cours des 30 glorieuses.

Les gains de productivité varient selon les secteurs d’activité :

– En agriculture, ils sont très élevés jusqu’au milieu des années 90, de l’ordre de 6% en moyenne par an, pour chuter à 2,4% en moyenne sur la période 2000-2008.

– Dans l’industrie, la progression a été en moyenne de 3% jusqu’au milieu des années 2000, du fait à la fois des progrès technologiques mais aussi de nouveaux modes de management (juste à temps, flux tendus, équipes autonomes…), le passage aux 35 heures ayant été absorbé par ces gains de productivité.

-Dans la construction, la productivité croit en moyenne de 1,9% entre 1980 et 1989, pour baisser ensuite du fait de la forte progression du second œuvre, notamment de l’entretien-amélioration des bâtiments (en 1980, il représentait 59% de l’emploi et 68% en 2002).

– Dans les services, on passe de 1,9% au cours des années 80 à 1,1% au début des années 90 puis à 0,8% entre 2000 et 2008 ; les services aux particuliers connaissent du fait de leur spécificité, des hausses de productivité faibles.

 

 

Le changement de modèle économique face à la concurrence : l’exemple du commerce de détail d’équipements automobiles

L’autofocus N°48, la lettre de l’observatoire de l’ANFA

4 031 entreprises en 2009, une hausse de 28% en nombre d’entreprises depuis 1998. Un secteur où 88% des entreprises sont des TPE, employeurs de la moitié des salariés de ce secteur, mais aux profils différents (indépendants d’une part, franchises de marque d’autre part). L’étude se focalise sur les enseignes.

Dans ces dernières, entre 1980 et 2000, les emplois salariés sont passés de 7 600 à 24 800 ; toutefois en 2001, l’emploi chute de 8% sur une seule année du fait de la saturation du marché, conduisant à une restructuration du secteur par une politique de rachat d’entreprise.

Le modèle économique est le plus souvent emprunté à la grande distribution, avec une centralisation des achats, une politique de bas prix, une trésorerie fondée sur le paiement immédiat du client, alors que les fournisseurs sont payés avec décalage ; ce modèle s’appuie sur la rationalisation des process de travail, une faible qualification de la main d’œuvre, mais une promotion interne.

 

4 types différents d’activité constituent ce secteur :

-Les centres auto, crées à l’origine autour d’un magasin de pièces, ont développé une gamme de produit complémentaire (pneumatique, audio/vidéo…) sous leur marque et une partie atelier pour le montage des pièces vendues s’élargissant à des prestations mécaniques, électroniques et d’entretien.

– Les centres de réparation rapide : à l’origine une mono activité (changement de pot d’échappement…) qui se diversifie (prestations de mécanique et d’électronique), du fait de la baisse de l’activité et de la fiabilité plus grande des équipements

– Les pneumatiques, un marché de remplacement où toutefois la baisse de la vitesse et le développement de la concurrence, les a conduit aussi à diversifier en direction de l’entretien/réparation auto voire poids lourds.

-Les spécialistes du vitrage, traditionnellement le fait des carrossiers a vu l’implantation de spécialistes tels carglass (basé sur le travail au lieu choisi par le client) ; ce dernier détient 30% du marché alors que les services carrossiers des concessions détiennent 40% de ce marché, au détriment des carrossiers indépendants.

On assiste ainsi à une homogénéisation des services entre enseignes et l’élargissement des activités envers de nouvelles clientèles (contrats spécifiques d’entretien en direction de flottes d’entreprises, vente d’équipements en ligne, prestations en direction des deux roues, du covoiturage, des voitures électriques), et à la poursuite de process tayloriste, alors que les CRA jouent la qualification.

En termes d’emploi, le choix est fait d’une faible qualification. 47% des salariés sont ouvriers (essentiellement non-qualifiés et jeunes), 26% des employés ; les enseignes recrutent plus que les indépendants : 40% ont recruté en 2009 contre 33% pour les indépendants en commerce/réparation auto(CRA), dont prés de la moitié en renouvellement de poste ; le recrutement touche d’abord des postes de mécanicien, démonteur auto et monteur pneumatique. ¼ des embauches se fait en CDD, avec un recours à l’intérim 3 fois plus fréquent que chez les CRA ; les salaires y sont plus faibles.