La formation continue dans les petites entreprises : quelle politique, quelle importance?


« Variété des politiques de formation continue dans les petites entreprises » CEREQ bref N°310, mai 2013

 En 2012, le Céreq a interrogé un échantillon national de 5 400 entreprises employant au moins 10 salariés et représentatives du secteur privé ; elle porte sur les données 2010 (quatrième interrogation du volet français de l’enquête européenne Continuing vocational training survey, pilotée par la Commission européenne et Eurostat, et réalisée en concertation avec la DARES).

 

En 2010, 72% des entreprises de 10 à 49 salariés ont organisé au moins une formation pour un de leurs salariés ; elles sont 90% dans ce cas quand elles emploient entre 50 et 249 salariés et sont quasiment toutes formatrices au-delà de 250 salariés.

27% des salariés des petites entreprises ont suivi une formation (contre 42% pour ceux travaillant dans des entreprises de 50-249 salariés et 56% lorsqu’ils travaillent dans une entreprise de 250 salariés et plus), avec un temps moyen de 7 heures (comparés à 10hres et 16 heures).

Noter que le travail en équipe concerne entre 69 % et 74 % des salariés, et le travail sous forme de rotation des tâches un peu plus de la moitié, sans grand changement selon les tranches de taille.

 

Cinq types d’entreprises aux profils contrastés ont pu être identifiés.

Deux groupes peu impliqués (60%des entreprises) :

 

-28% des entreprises de petite taille sont non formatrices dans la durée (type 1) ; le seuil de 20 salariés constitue par ailleurs une frontière très nette (35% des entreprises en dessous de ce seuil contre 16% dans la tranche supérieure) ; le secteur d’activité semble est peu discriminant hors  bâtiment et l’hôtellerie-restauration.

Pour expliquer cette situation, les entreprises invoquent l’absence de besoins : pour 80% les compétences et les qualifications de leurs salariés sont suffisantes, pour 63% les personnes recrutés ont déjà les profils requis. Plus de la moitié orientent leur priorité sur la formation (l’apprentissage). 60% déclarent que la charge de travail trop lourde et donc le manque de temps. 40% évoquent le coût élevé des formations.

 

32% sont  peu formatrices (type 2) et  s’éloignent peu du schéma décrit ci-dessus ; ¼ de leurs salariés a été formé en 2010, dans un but essentiellement d’adaptation au poste de travail. Si leur investissement est faible, c’est avant tout parce qu’elles éprouvent des difficultés à évaluer leurs besoins.

 

Trois groupes ont un recours important à la formation (40% dont 12% très importants) :

 

– Regroupant 28% des entreprises (type 3) ont un recours important à la formation et une politique structurée en la matière ; ces entreprises diffusent largement de l’information sur la formation et organisent le recueil des besoins des salariés ; ces derniers bénéficient d’une certaine marge de manœuvre dans la définition des procédures et méthodes de travail, sur les horaires ou encore sur le contrôle des résultats.

 

– Pour 6 % des entreprises (type 4), la politique de formation est totalement intégrée à la politique de gestion des ressources humaines et à la stratégie économique et constitue un outil de gestion des carrières et des mobilités. Les objectifs assignés à la formation visent en outre à fidéliser et motiver les salariés.

Davantage soumises à des changements technologiques et organisationnels, ces  entreprises sont plus fréquemment organisées en réseau. Le travail comporte plus qu’ailleurs des aspects propices à la formation et aux apprentissages (méthodes formalisées de résolution de problèmes, application de normes qualité ou encore rotation des tâches) ; ce groupe se distingue par une structure des qualifications un peu moins favorable a priori, avec un pourcentage d’employés et d’ouvriers plus élevé.

 

– Enfin, les entreprises du type 5 (6%) sont celles qui forment le plus. Appartenant en grande partie au secteur tertiaire, les employés y sont surreprésentés (54%). La diffusion de l’information est une pratique courante, ainsi que celle des entretiens individuels. Le recours au DIF est important, et la formation hors temps de travail assez fréquente. En moyenne, ces entreprises sont plus nombreuses à avoir connu des changements récents, notamment l’introduction de nouvelles méthodes d’organisation du travail.

 De façon générale, un recours important à la formation va  de pair avec une politique de formation structurée et organisée, une réflexion inscrite dans la durée, une formalisation des pratiques. Grandes parmi les petites, les entreprises dans ce cas de figure sont aussi plus souvent filiales de groupes. Leurs pratiques se rapprochent de celles des entreprises de plus de 50 salariés.

 

A contrario, 60% des petites entreprises ne s’engagent pas ou très peu dans la formation continue. Quand elles forment, c’est au coup par coup, la raison principale évoquée pour justifier l’absence de formation étant l’absence de besoins :

 

Pas ou peu impliquées

Impliquées

Descriptif du type d’entreprise

Type

1

2

3

4

5

Répartition des entreprises

28

32

28

6

6

% des 10 à 19 salariés

78

61

56

42

48

Recours à la formation

Sans objet

Peu

Important

Intensif

Politique de formation

Sans objet

Peu stratégique

Internalisée,

structurée

Formalisée, articulée

à la GRH

Internalisée

structurée

Moyens dont dispose l’entreprise pour la formation continue

Une personne ou un service spécifique %

22

22

56

64

57

Taux de participation financière

1,3

2,2

2,8

3,2

3,6

Formations mises en œuvre

% de salarié ayant suivi une formation

26

44

49

47

Nombre heures moyen

30

25

29

33

% de salarié ayant recours au DIF

15

31

30

78