L’entrepreneuriat social : un écosystème, 3 modèles différents, un grand public ouvert à cette problématique mais plus septique qu’en 2012 sur son efficacité


« Baromètre de l’entrepreneuriat social, 3éme édition, 2014 », Convergences non daté, lu avril 2014

Et la 5ème édition du sondage réalisé par Opinion Way auprès de 1002 personnes et 63 entrepreneurs sociaux en novembre 2013,

 

L’écosystème de l’entrepreneuriat social

Un objectif commun : mettre l’Homme au cœur du projet entrepreneurial.

S’associant aux formes historiques de l’Economie Sociale et Solidaire (associations, mutuelles, coopératives et fondations), le terme d’entreprise sociale concerne également des sociétés commerciales (SARL, Scoop, Scic, etc.) mises au service d’un impact social et/ou environnemental, pour lequel les bénéfices dégagés sont réinvestis.

 

Parmi les catalyseurs de l’entrepreneuriat social, on trouve des médias, le monde académique et des réseaux….. :

– Certains médias s’inscrivent dans le courant du « journalisme d’impact » (sujets liés à l’innovation sociale, regard résolument optimiste vers l’avenir en parlant des solutions).

– Dans le domaine de l’enseignement, certaines Grandes Ecoles et universités proposent des formations spécialisées sur l’entrepreneuriat social, avec la volonté de préparer les leaders de demain à faire du business « autrement ».

Les réseaux accompagnants sont des plateformes et pépinières qui structurent ce secteur.

Les pouvoirs publics mettent en place des mesures favorables à l’entrepreneuriat social : la Commission européenne a lancé une Initiative pour l’Entrepreneuriat Social ; le gouvernement français s’est fixé le même objectif à travers son projet de loi relatif à l’ESS.

– La finance solidaire mobilise l’épargne des citoyens pour apporter des fonds aux entreprises sociales ; les investisseurs sociaux financent des entreprises sociales en phase de création (capital risque philanthropique) ou au stade de maturité, en attente d’un retour sur investissement financier mais aussi social. Les fondations peuvent fonctionner comme des fonds d’investissement ou agir sous forme de dons. Enfin, les banques de l’économie classique permettent souvent le financement et le développement de ces diverses structures.

– Certaines entreprises développent des social business, activités rentables au service de populations vulnérables, dont les bénéfices sont systématiquement réinvestis au bénéfice de ces cibles. D’autres nouent des partenariats avec des entreprises sociales (relations commerciales, mécénat)

–  Les citoyens sont les bénéficiaires et clients des entreprises sociales qui s’engagent –entre autres – pour lutter contre l’exclusion, proposer des services à la personne ou protéger l’environnement ; en retour, le grand public soutient largement à travers des dons et en influençant les pouvoirs publics par des actions de plaidoyer.

 

Les différents modèles d’entrepreneuriat social en Europe

Le poids de l’histoire (par exemple le communisme dans les pays d’Europe centrale et orientale), comme l’impact des courants idéologiques, ont donné naissance à des modes d’entreprendre qui se différencient et parfois s’affrontent ; de même, l’impact des nouveaux modes de communication et d’échange vient bouleverser le paysage installé ; les jeunes générations n’entreprennent pas comme leurs aînés et utilisent de nouveaux outils qui bouleversent les modèles (crowdfunding, réseaux sociaux…). Autant de facteurs qui rendent la description du paysage de l’entrepreneuriat social européen complexe et difficile à appréhender. On peut cependant dresser une typologie en  3 grands types de « familles » :

 

– Premier type, sans doute le plus ancré, les entreprises sociales de type collectif reposant sur le principe « un homme, une voix », et sur la double qualité d’une personne en tant que « détenteur collectif de l’entreprise » et de « client de l’entreprise » ; ce sont les entreprises de l’économie sociale (mutuelles, coopératives, associations) ; la valeur centrale de cette famille est la solidarité, expression d’une réciprocité des engagements entre membres.

 

– Deuxième type, celui de la fondation ou des charities anglaises, ou encore d’ONG faisant appel à la générosité du public pour des causes extérieures à ce public : des généreux donateurs mettent des moyens à disposition d’une cause ; la valeur centrale est la charité, la volonté de contribuer pour d’autres qui n’en ont pas les moyens, mais sans esprit de retour, de réciprocité ; très présent dans les pays anglo-saxons, ce type est aussi en forte expansion partout en Europe.

 

– Troisième type, plus récent, issu et inspiré du mouvement social business ; c’est bien souvent une initiative de créateur d’entreprise individuel, avec comme valeur centrale la notion d’impact social ; deux noms sont souvent associés, Ashoka pour l’entrepreneuriat social d’origine américaine, et le Professeur Yunus pour la tradition issue d’Asie.

 

– Un quatrième type a émergé récemment autour de la notion de responsabilité sociale de l’entreprise, certaines entreprises traduisant même leur objet social comme étant une contribution à la société ; on ne peutcependant pas les considérer comme une famille de l’entrepreneuriat social.

 

Autant les traditions des trois familles évoquées divergent, autant certains éléments sont communs et les différencient des autres acteurs et notamment la non-lucrativité (pas de recherche de profit servant à rémunérer un actionnaire extérieur au projet) ; les réflexions actuelles, en Europe comme dans le projet de loi français vont dans cette direction : reconnaître une réelle spécificité aux entreprises sociales à travers leur objet peu ou pas lucratif, et à travers la reconnaissance et la promotion de leur impact sur la société, à la fois par leurs résultats, mais aussi, par la mobilisation des citoyens au service d’un projet.

 

Le sondage

64% des Français interrogés connaissent le terme « économie sociale et solidaire » (+7 points par rapport à 2012) ; 31% disent savoir ce qu’est un « entrepreneuriat social » (+13 points). Pour les français,  un entrepreneur social est celui :

– qui met ses qualités d’entrepreneur au service d’un projet d’intérêt général (71%, +5 points)

– qui œuvre dans les quartiers sensibles (15%, +2 points)

– qui est proche de ses salariés (12% en chute de 17 points au regrd de 2011)

 

A la question, « selon vous, quel type d’acteur est le plus innovant dans la résolution des problèmes environnementaux et sociaux en France ? » 39% répondent les entreprises sociales (-9 points), 20% les pouvoirs publics (-7 points), 20% la société civile, 19% les entreprises (-5 points)

22% estiment que les perspectives de développement des entreprises sociales sont très bonnes tant pour la France (+6 points) que dans le monde (+19 points).

Ce qui manque pour ce développement, sont d’abord les moyens financiers (65%), le partenariat avec d’autres entreprises (52%), la reconnaissent des pouvoirs publics (48%), des personnes qualifiées et motivées (35%), des outils et méthodes (21%) et de la formation (17%) ; au regard de 2012, les % de répondants sont plutôt en baisse.