Une densité plus forte de l’artisanat en milieu rural mais une progression plus manifeste dans les villes de plus de 200 000 habitants.


"ARTISANAT RURAL, ARTISANAT URBAIN", ISM, tableaux économiques de l'artisanat, mars 2019

Principalement constitué d’activités de proximité et de services à la population, le tissu artisanal est localisé sans surprise, en correspondance étroite avec la population.

 

L’artisanat sur les territoires et ses activités plus spécifiques

 

Le maillage territorial des entreprises artisanales assure une desserte de tous les territoires : 38% sont localisées dans des villes de plus de 200 000 habitants (dont l’agglomération Parisienne), 25% dans des unités urbaines de 10 000 à 200 000 habitants,  37% dans les unités urbaines de moins de 10 000 habitants (dont 23% dans les communes rurales).

En 2007, 42% l’étaient dans des villes de plus de 200 000 habitants (dont l’agglomération Parisienne), 24% dans des unités urbaines de 10 000 à 200 000 habitants,  34% des entreprises sont localisées dans les unités urbaines de moins de 10 000 habitants (dont 22% dans les communes rurales), manifestant une hausse pour les unités de 3 points dans les moins de 10 000 habitants.

 

La densité du tissu artisanal (176 entreprises artisanales pour 10 000 habitants) varie du simple au triple selon les régions. Elle est la plus faible dans les Hauts-de-France (121) et atteint le taux de 335 en Corse. Les densités sont également plus élevées
dans les départements d’Outre-Mer. Ce phénomène est ancien et trouve son origine dans l’histoire économique des territoires (les terres industrielles ont un tissu artisanal moins développé). L’économie touristique est un autre facteur explicatif, l’offre artisanale s’adressant aussi bien à la population résidente qu’à la population de passage.

Les taux les plus élevés sont observés dans les zones d’emploi également très touristiques de Fréjus-Saint-Raphaël (419), de Cannes-Antibes (365), ou du Mont-Blanc (341). Les densités les plus faibles sont localisées au Nord de la France (zone d’emploi de Dunkerque, 85).

 

Les entreprises constituées sous forme individuelle sont majoritaires dans les communes rurales (elles représentent 63% des entreprises). Cette part décroît avec la taille
de l’unité urbaine (dans l’unité urbaine de Paris, 37%); pour les autres tailles le poids est proche (entre 50 et 56%).

La part de micro-entrepreneurs parmi les indépendants varie ainsi de 30% (dans la Manche, la Mayenne, la Vendée ou la Lozère) à 60% (en Corse). Les micro-entrepreneurs sont de fait plus nombreux dans les régions méditerranéennes (Corse, PACA, Occitanie), en Île-de-France, dans les Hauts-de-France et dans le Grand Est. Ce régime est moins répandu dans tout le quart Nord-Ouest du territoire (Bretagne, Pays de la Loire), dans les territoires ruraux du Sud-Massif Central (Cantal, Haute-Loire, Lozère, Aveyron), dans le Morvan (Côte d’Or, Saône-et
Loire) et en Savoie et Haute-Savoie. Ce régime semble donc être globalement plus développé en milieu urbain qu’en zones rurales.

 

L’emploi

 

Globalement, au 31 décembre 2017, l’artisanat employait 1,607 million de salariés (établissements de moins de 20 salariés), hors apprentis et stagiaires ; ces emplois représentent en moyenne 1 emploi salarié sur 11 dans le secteur marchand non agricole, soit 9%. Le poids des emplois salariés de l’artisanat demeure plus élevé dans les départements ruraux, où il représente souvent un emploi salarié sur sept du secteur marchand non agricole. A l’inverse, le poids des emplois de l’artisanat est plus faible dans les départements des grandes agglomérations (Paris, Rhône, Haute-Garonne, Nord, Loire-Atlantique, Ille-et-Vilaine, Bas-Rhin, etc.).

 

L’évolution selon les territoires

 

Le tissu artisanal bénéficie d’une plus forte dynamique démographique dans les territoires des grandes agglomérations : la progression la plus forte du nombre d’entreprises artisanales est enregistrée dans tous  les départements franciliens, en Loire-Atlantique, dans les Alpes-Maritimes, en Haute-Garonne, dans l’Hérault, le Rhône et le Bas-Rhin. L’évolution du nombre d’entreprises recule en revanche dans une vingtaine de départements ruraux, les plus touchés par ce ralentissement démographique étant la Lozère, le Cantal, la Corrèze, la Haute-Saône, l’Ariège, l’Indre, l’Aisne et le Cher.

 

L’analyse par tailles d’unités urbaines montre que la progression entre 2009 et 2017 a été plus forte dans les unités urbaines de plus de 200 000 habitants (+29%) et dans l’aire urbaine de Paris (+36%); mais il faut pondérer parce que que les micro-entrepreneurs sont plus nombreux dans ces territoires. Le nombre d’entreprises a progressé de 22% dans les communes rurales et les villes de moins de 100 000 habitants.

L’évolution du nombre d’entreprises artisanales est également plus forte dans les communes de banlieue des villes-centres (+31%), que dans les villes-centres (+24%) ou les villes isolées (+22%).

 

En 2018, l’évolution de l’emploi salarié reste orientée à la baisse dans les régions Centre-Val de Loire (-1,1%), Bourgogne-Franche-Comté (-0,9%), et Normandie (-0,5%) entre le troisième trimestre 2017 et le troisième trimestre 2018; par contre, une croissance est observée en région PACA (+0,8%), Bretagne (+0,7%), Occitanie (+0,7%) et Île-de-France (+0,3%). Mais, dans toutes les régions de métropole, l’évolution de l’emploi artisanal est très en retrait par rapport à celle de l’emploi privé dans son ensemble.

 

L’artisanat du BTP et l’artisanat de fabrication ont été les plus affectés par la crise : un recul de l’emploi salarié a été constaté quelle que soit la taille des unités urbaines (exception faite de l’artisanat du BTP dans l’unité urbaine de Paris).

 

Le cas particulier de la ruralité

 

La ruralité (23% des entreprises en moyenne) imprègne de façon différente le tissu artisanal, en fonction des régions. Les régions où ce poids est le plus important sont la Bourgogne-Franche-Comté (48% des entreprises artisanales sont localisées en commune rurale), Normandie (40%), Centre-Val de Loire (39%) et Nouvelle-Aquitaine (38%). Les départements dont le tissu artisanal est le plus rural sont la Creuse (81% des entreprises sont localisées dans une commune de moins de 2 000 habitants), suivis du Gers, de la Lozère, du Lot, de l’Yonne, du Cantal et de l’Orne.

Ce tissu rural est en revanche minime en volume en Île-de-France (4%) ou en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (7%).

 

Certaines activités sont fortement rurales, comme le travail du bois (44% des entreprises sont localisées en communes rurales). Un tiers des entreprises d’ameublement ou d’extraction de pierres, de fabrication de pièces en verre, céramique sont également rurales. D’autres activités sont surreprésentées dans les villes-centres, comme les entreprises de textile-cuir-habillement (40%), celles de bijouterie, d’imprimerie, de coiffure, d’esthétique (39%) ou de boulangerie-pâtisserie (35%). Les communes de banlieue concentrent quant à elles la majorité des entreprises de transport (taxis/VTC, déménagement), et d’entreprises du BTP (construction de bâtiments, travaux d’installation), ainsi que 39% des entreprises artisanales du travail des métaux.

 

Globalement, les communes plus touchées par le recul de l’emploi salarié ont été les communes rurales : la baisse a été de 5% (contre -3% en moyenne). Dans les territoires urbanisés, on constate que les communes périphériques des villes-centres ont été plus dynamiques (c’est également dans ces communes que la progression du nombre d’entreprises a été la plus forte).

 

La taille des entreprises artisanales varie également sensiblement selon le territoire de localisation. Ainsi, la part des entreprises sans salarié est plus importante dans les communes rurales (elles représentent 64% du tissu), plus modeste dans les 2 000 à 50 000 habitants avec 57-58% et 60-62%% dans les grandes agglomérations d’au moins 100 000 habitants.

 

Le cas des quartiers de la politique de la ville

 

L’artisanat y est également bien présent avec près de 90 000 établissements artisanaux, et une densité moyenne de 170 établissements pour 10 000 habitants. La part d’établissements situés dans les Quartiers Prioritaires de la Ville est plus importante en Île-de-France (14%), en Paca (11%) et dans les Hauts de France (10%). C’est le département de la Seine-Saint-Denis qui compte le plus grand nombre d’établissements dans ces quartiers (soit 14 300), devant les Bouches-du-Rhône (6 900) et le département du Nord (5 500).
Le poids du tissu artisanal dans l’économie locale est plus important dans ces quartiers : 43% des établissements relèvent en effet d’une activité artisanale.

 

Les établissements localisés dans ces quartiers se caractérisent par une taille plus petite (73% n’ont pas de salarié contre 64% des établissements artisanaux). La composition sectorielle diffère également sensiblement : les activités du BTP sont surreprésentées notamment la maçonnerie générale (14% des établissements contre 8% pour l’ensemble de l’artisanat) et les travaux de peinture du bâtiment (8% contre 5%). Dans l’alimentation, c’est l’activité de restauration rapide qui est plus présente (10% des établissements contre 3%).

 

 

Pour en savoir davantage : http://ism.infometiers.org/ISM/content/download/7159/42977/version/2/file/ISM_TabEco_rural-urbain_mars2019.pdf