Ecosystèmes entrepreneuriaux : faut-il arrêter de tenter de copier la Silicon Valley ?


"Ecosystèmes entrepreneuriaux : faut-il arrêter d'essayer de copier la Silicon Valley ?", Bulletins-electroniques.com/actualites/69829.htm, lu mai 212

La Silicon Valley est l’écosystème entrepreneurial le plus dynamique du monde. Les études menées année après année le confirment, peu importe les critères choisis.

 

De ce fait, les décideurs de la planète n’ont de cesse de vouloir prendre cette réussite comme modèle ; jusqu’à présent, personne n’a réussi à “dupliquer” l’environnement Californien, bien que celui ci ait été étudié et s’appuie sur des caractéristiques identifiables, dont les plus importantes sont :

– Des entreprises à succès, qui agissent comme modèles, dynamisent la recherche scientifique et soutiennent l’entrepreneuriat local grâce à des initiatives spécifiques,

– Une recherche de pointe, grâce à des institutions de haut niveau (Stanford, Berkeley, etc.) qui alimente l’innovation grâce à la valorisation de la recherche,

La présence d’un vivier d’investisseurs privés parmi les plus denses au monde, qui sont parfaitement intégrés dans les réseaux entrepreneuriaux, facilitant la détection de projets et l’accès des entrepreneurs à des fonds de financement,

Un réseau de talents particulièrement bien maillé, qui interagit en permanence, génère des idées et collabore, ce qui accélère grandement les développements des entreprises locales. La plupart de ces professionnels ne sont pas originaires de la région, mais sont attirés par capillarité, ce qui produit un renouvellement constant des talents présents, et donc des idées. – Une culture de l’entrepreneuriat unique, et un taux de création de startups 3 ou 4 fois supérieur aux régions concurrentes.

 

Bien que la plupart de ces caractéristiques soient “transférables”, recréer la culture locale semble une tâche impossible.

 

Une étude approfondie réalisée auprès de près de 20.000 startups technologiques reparties dans le monde entier a été menée par la société “Startup Génome». Il en ressort un classement surprenant qui place Londres, New York City et Toronto juste derrière la Silicon Valley mais aussi des caractéristiques radicalement différentes entre ces écosystèmes :

– Alors que la plupart des entrepreneurs de la Silicon Valley souhaite aborder de nouveaux marchés, de plusieurs milliards de dollars, les entrepreneurs européens, préfèrent des marchés un peu plus matures, capables d’être conquis rapidement, pour faciliter les possibilités de revente rapide, d’où une grande disparité dans les entreprises créées.

– Les entreprises de la Silicon Valley s’orientent deux fois plus souvent que leurs homologues New Yorkais vers la création de jeux en ligne ou de médias sociaux, alors que les entrepreneurs New Yorkais sont très en avance sur les startups liées au design ou au commerce électronique.

– Alors que dans la Silicon Valley les équipes fondatrices ont essentiellement un profil technique, l’Europe favorise nettement la création d’entreprises par des entrepreneurs ayant un parcours en administration des affaires.

 

Ce constat démontre avant tout que les écosystèmes à succès ont su s’appuyer sur leurs forces culturelles et sur les points forts des régions dans lesquelles ils sont implantés, avant de transmettre cette inclination aux jeunes entreprises créées ; la duplication du modèle Californien serait une erreur stratégique. La clé de la réussite et du dynamisme entrepreneurial réside donc dans la différenciation des écosystèmes les uns par rapport aux autres.