Quelles sont les spécificités des ETI?


"ETI : taille intermédiaire, gros potentiel", Institut Montaigne, janvier 2018

L’Institut Montaigne est un laboratoire d’idées – think tank – créé fin 2000 par Claude Bébéar et dirigé par Laurent Bigorgne. Il est dépourvu de toute attache partisane et ses financements, exclusivement privés, sont très diversifiés, aucune contribution n’excédant 2% de son budget annuel. En toute indépendance, il réunit des chefs d’entreprise, des hauts fonctionnaires, des universitaires et des représentants de la société civile issus des horizons et des expériences les plus variés.

La catégorie d’entreprise « ETI » a été définie par l’Insee en 2008. Elle recouvre toutes les entreprises de 250 à 4 999 salariés qui remplissent au moins l’un des deux critères suivants : le chiffre d’affaires se situe entre 50M et 1,5Md€ et un total du bilan qui se situe entre 43M et 2Md€. 

 

A la fois proches des PME, les ETI se posent aussi comme fer de lance de l’emploi et du développement.

 

Elles se caractérisent par 3 critères principaux : une taille qui les rapproche davantage des PME que des grands groupes, une capitalisation majoritairement patrimoniale, voire familiale, et une surreprésentation de l’industrie (33% des ETI contre 10% pour l’ensemble des entreprises). Observons plus avant ces critères :

 

* Dans une étude de 2012, le cabinet KPMG identifiait que plus de 1 400 ETI avaient navigué au moins deux fois entre le statut de PME et celui d’ETI entre 2000 et 2009, (d’où leur intégration dans cette étude). Noter qu’en 2013, seulement 13,5% des jeunes PME étaient des PME de croissance, contre 23% en 2007 et 21% en 2010.

Les ETI sont des entreprises à taille humaine, et donc une culture de la proximité au sein de leur organisation et de leur management. 

 

* Les ETI se caractérisent par une capitalisation patrimoniale et familiale : 64% d’entre elles ont un capital détenu majoritairement par des personnes physiques et 45% d’entre elles sont familiales. Cette particularité ancre leur croissance dans le territoire et dans le long terme en privilégiant la pérennité à la rentabilité immédiate.

Elles se caractérisent par une certaine prudence pour continuer à maîtriser son destin et donc son capital.

 

78% des sites de production des ETI se situent en dehors de la région parisienne et 41% des salariés qu’elles emploient travaillent dans l’industrie, contre moins de 15% pour l’ensemble des entreprises.

 

Leurs autres apports à l’économie et au développement :

-Sur 187 200 emplois nets créés dans le secteur marchand en 2016, 156 000 ont été créés par les ETI.

– 34% des exportations sont de leur fait; 30% disposent d’implantations physiques à l’étranger.

-L’innovation : en 2016, près de 3 ETI sur 5 ont innové, en finançant la R&D, en déposant un brevet, en lançant un nouveau produit ou en acquérant une licence.

 

Les questions du financement et des taux de marge : 

 

Le taux de marge des sociétés non financières françaises demeure, à 31,6%, en retrait par rapport à son niveau d’avant crise (32,7% en 2007) et toujours en décalage avec nos principaux partenaires européens. La moyenne européenne est à près de 40% et le taux de marge des sociétés allemande est à un peu plus de 40%.

 

L’autofinancement apparaît ainsi comme le premier moyen de financement des ETI, qui par ailleurs ont peu de difficultés à se financer (2% ont rencontré des difficultés majeures pour financer leur trésorerie et leurs projets d’investissement, 19% ont rencontré quelques problèmes à peu près surmontés).

 Cependant, les garanties exigées par les établissements de crédit représentent une contrainte pour les ETI : en 2017, 18% des ETI considèrent que c’est une contrainte importante liée aux prêts à court terme, et 25% pour les prêts à moyen et long terme.

Le système de financement en dette sous forme de placements privés (apportés principalement par des assurances et des mutuelles), apparu en France en 2012, se présente comme un mode de financement particulièrement adapté aux entreprises en croissance, en particulier les ETI. Le remboursement est le plus souvent in fine (remboursement en totalité à la date d’échéance) et sans prise de garantie, ce qui libère de la liquidité pour l’entreprise. Ce nouveau mode de financement répond aux souhaits des ETI de diversifier leurs sources de financement et de limiter leur dépendance au seul secteur bancaire.

 

L’enjeu majeur pour le développement des ETI consiste à trouver l’équilibre entre la transmission pérenne des valeurs et la préservation de la culture propre à l’ETI, d’une part, et l’agilité nécessaire pour rester compétitif et innovant, d’autre part.

 

Le rapport présente ensuite 16 propositions.