La France dans dix ans comptera 67 millions d’habitants. Elle sera à coup sûr plus vieille, plus petite et moins riche ; Ce n’est pas nécessairement une aussi mauvaise nouvelle qu’il y paraît.


« Quelle France dans 10 ans : une contribution au séminaire gouvernemental du 19 août » Commissariat général à la stratégie et à la prospective, septembre 2013

 Le propos est modérément iconoclaste, mais l’ambiance pessimiste et critique actuelle vaut de relever des propos lucidement optimistes.

 

Quelques données résument l’ampleur des transformations à l’œuvre au niveau international :

* l’incidence de l’extrême pauvre est passée de plus de 40% à moins de 20% en 2013 ;

*depuis 2007, une majorité de la population du globe vit dans des villes ;

* En 2013, la part des pays émergents et en développement dans le PIB mondial, qui était de 36% en 1993, a dépassé 50%.

*Dans dix ans, la classe moyenne mondiale comptera sans doute plus de quatre milliards d’individus ; plus de la moitié, ceux-ci résideront en Asie.

À en juger par l’évolution de la population étudiante, cette transformation va se poursuivre à un rythme accéléré (en 2000, 100 millions d’étudiants dans le monde, dont 33 millions dans les pays avancés et 25 millions dans les BRIC ; en 2011, ils étaient plus de 180 millions, dont 67 millions dans les BRIC)

 

La France dans dix ans sera plus vieille, plus petite et moins riche (le PIB par tête n’aura progressé que de quelque 3 % entre 2003 et 2013). Ce n’est pas nécessairement une aussi mauvaise nouvelle qu’il y paraît, car elle sera aussi mieux formée, excellemment équipée et potentiellement attractive.

 

On y compte des réserves de croissance en raison du niveau de son sous-emploi et de la persistance de réglementations anticoncurrentielles dont la levée pourrait induire des gains de productivité substantiels ; de plus la France est avantagée par une meilleure natalité et une source de croissance que sont les retraités.

 

Etre plus petit, conduit à une spécialisation productive plus étroite (avantage comparatif), appuyée sur un capital humain mieux formé, face au développement des pays émergents  qui seront de plus en plus clients.

 

La France est excellemment équipée (notre pays se classe cinquième sur 144 pour la qualité des infrastructures, sans oublier le système de santé) ; elle l’est moins dans les infrastructures numériques.

 

Enfin, la France dispose d’atouts pour attirer les investissements étrangers (situation géographique, infrastructures matérielles et techniques, qualité de ses services publics, cadre urbain et culturel, modes de vie), notamment pour l’implantation d’entreprises intensives en matière grise.

 

Dans dix ans, cadres et professions intermédiaires représenteront plus de 40% des actifs, contre 35% en 2000 et 30% en 1990. La féminisation de sa main d’œuvre se poursuivra sous l’effet de la hausse du taux d’activité des femmes, de la tertiarisation des emplois (dont une partie est très féminisée), et de la meilleure réussite scolaire des filles.

 

La baisse de la taille des ménages (de 2,6 personnes par ménage en 1990 à 2,1 en 2025), se traduira par une hausse de la demande de logements.

 

Les racines historiques de la morosité et de la défiance françaises : le pessimisme s’est brutalement accentué au début de la dernière décennie ; en particulier, selon la DREES, la proportion des Français se déclarant optimistes quant à l’avenir de leurs enfants et des générations futures a chuté de 53% à 34% entre 2001 et 2004, avant d’atteindre 31% en 2012.

Les Français sont beaucoup plus inquiets de leur avenir collectif que de leur situation individuelle.

« Que la société française soit plus prudente, voire soupçonneuse à l’égard du progrès technique, qu’elle ait pris conscience de la nécessité de soumettre la mise en œuvre des avancées scientifiques et techniques à une série de tests préalables, à commencer par celui de leur adéquation aux besoins est une chose » ; leur confiance au progrès s’est émoussée, accentuée par « la crainte que ces progrès soient accaparés par quelques-uns au détriment du bien commun ».

« Qu’elle n’ait plus confiance en l’avenir parce qu’elle n’a plus confiance en elle-même, en ses institutions économiques, politiques et sociales et au total en sa capacité à mettre ces avancées au service du développement humain en est une autre ».

« Les incertitudes sur notre avenir à dix ans portent en définitive moins sur l’état du monde que sur notre propre cohérence dans les choix collectifs que nous devons affronter, sur la clarté de nos orientations et sur la continuité dans leur mise en œuvre. »

“La modernisation n’est pas un état de choses, c’est un état d’esprit” : cet avertissement de l’introduction du premier Plan de 1947 reste d’une parfaite actualité.

Le texte propose ensuite une méthode pour agir avec pertinence.