La conjoncture des PME


« PME 2013 : rapport sur l’évolution des PME » observatoire des PME, BPI France, février 2014

Les entreprises de moins de 10 salariés (hors les chapitres consacrés à la démographie d’entreprises ou à l’innovation), sont assez peu prises en compte dans ce volumineux document, qui traite d’un grand nombre de thèmes à la manière d’une encyclopédie de la PME, reprenant des travaux publiés par nombre de partenaires tout au long de l’année, mais ces travaux recensent l’activité 2012, et début 2013. Je ne reprends ici que les travaux dont la lettre mensuelle n’a pas parlé.

 

L’activité des PME françaises accuse un net ralentissement en 2012 : le chiffre d’affaires augmente  de 3,3%, après une croissance de 7,9% en 2011 ; cette décélération concerne toutes les PME, quelle que soit leur structure (entreprise mono ou multi unités légales) ou leur secteur d’activité ; les PME filiales de sociétés étrangères, qui avaient bénéficié de la plus forte expansion en 2011 (+10,4%) affichent le taux le plus faible (+2,8%) ; pour l’Industrie manufacturière la hausse du chiffre d’affaires est trois fois moins rapide qu‘en 2011, passant de +9,2% à +3%. Toutefois  les PME résistent mieux, que lors de la récession de 2009 où leur chiffre d’affaires avait alors reculé de 5,2%.

 

Les exportatrices demeurent un élément moteur et leur croissance est supérieure à celles des ventes en France (+4,6%) mais elles sont aussi beaucoup moins dynamiques après deux années de forte progression (+13,9% en 2011 et +10,7% en 2010) ; le taux d’exportatrice reste concentré sur une faible proportion d’entités (un peu moins de 30% des PME déclarent une activité exportatrice en 2012).

 

La valeur ajoutée augmente de 2,5% en valeur contre 5,8% en 2011 ; la consommation de matières premières n’enregistre qu’une faible hausse (+2,5%) qui reflète le tassement de la demande interne ; en revanche les charges externes progressent à un rythme un peu plus soutenu (+4,4%). Cette progression très modérée de la valeur ajoutée est assez homogène d’un secteur à l’autre.

 

L’excédent brut d’exploitation régresse de 3,3% sous l’effet d’un alourdissement des charges de personnel (+4,1%), en particulier, les cotisations sociales (+4,7%) et les frais de personnel extérieur (+7,8%) ; ces derniers absorbent les deux tiers du supplément de richesses créé par les PME ; s’y ajoute le rebond des impôts et taxes liés à la production (+5,5%), dû pour partie au relèvement du forfait social.

Dans ces conditions, le taux de marge (excédent brut d’exploitation sur valeur ajoutée) se replie à 21,2%, loin de son niveau d’avant-crise (plus de 24% en 2007). Il est encore supérieur au taux de 2009 (20,6%), mais se situe désormais à un niveau historiquement bas et en deçà de sa moyenne 1996-2011. Le recul est général et particulièrement prononcé pour les PME de la construction, dont le taux de marge passe sous la barre des 15%.

 

En valeur nominale, la prévision d’évolution du CA en 2013 est de -1,3 % en moyenne, après une baisse limitée à -0,3 % en 2012. Les prévisions d’évolution du CA en 2013 sont plus négatives dans les TPE de 1 à 9 salariés (-2,7%) que dans les PME de 10 à 249 salariés (-0,1%) ; seules les PME fortement exportatrices et les innovantes prévoient une croissance positive (+2,4% et +1,2%) .

 

Les trésoreries sont très tendues : en mai 2013, 58% des PME jugent «normale ou aisée» la situation de leur trésorerie récente, très nettement en dessous de la moyenne de long terme (69%) ; à contrario, 42% disent avoir rencontré des difficultés de trésorerie au cours des six derniers mois, proportion la plus élevée jamais observée dans cette enquête.

Pour les six prochains mois, 29% anticipent un durcissement de la situation de trésorerie tandis que 10% seulement prévoient un assouplissement ; les craintes de dégradation de l’état de la trésorerie à court terme sont élevées dans tous les secteurs.

La fréquence des difficultés de trésorerie est inversement proportionnelle à la taille de l’entreprise, culminant à 46% dans les TPE, contre 29% dans les entreprises de 50 à 249 salariés ; les craintes de durcissement à court terme de la situation de trésorerie sont également beaucoup plus fortes chez les TPE.

 

En mai 2013, 21% des dirigeants jugent que les résultats de l’exercice 2012 ont été bons, tandis que 32% les estiment mauvais ; les anticipations pour l’exercice 2013 en cours sont assez pessimistes,

32% prévoyant une baisse de la rentabilité et 16% une amélioration.

L’opinion sur la rentabilité récente de l’entreprise est indépendante de sa taille ou de son caractère innovant mais sensiblement meilleure chez les PME fortement exportatrices.

 

En mai 2013, 44% des PME déclarent avoir déjà investi depuis le début de l’année ou prévoient de le faire d’ici la fin de l’année (18% les ont réduits), au lieu de 47% en mai 2012 et de 49% en mai 2011.

Par ailleurs, 37% des dirigeants prévoient une diminution des dépenses en 2013 et 21% une augmentation ; ce freinage de l’investissement se retrouve dans tous les secteurs d’activité. Les intentions d’investissement en 2013 sont d’autant plus négatives que la taille de l’entreprise est petite.

 

Toutefois, en 2012, 24% des ETI ont créé au moins une filiale, comme au cours des deux années précédentes (31% parmi celles de 500 à 4 999 salariés et 36% chez celles qui réalisent au moins le quart de leur activité à l’international) ; les projets de création de nouvelles filiales en 2013 sont également très nombreux (27%) ; en outre, 27% ont pris des participations dans des entreprises existantes en 2012 et un tiers envisage de le faire en 2013.

Les investissements de croissance interne et externe réalisés en 2012 ont été financés à hauteur de 52% en moyenne par autofinancement et de 44% par recours à l’endettement et au crédit bancaire ; si 70 % des ETI n’ont eu aucune difficulté auprès des établissements financiers en 2012 pour le financement de leur exploitation courante ou de leurs investissements, 6% ont rencontré des difficultés majeures d’accès au crédit.

 

Rappelons que les micro-entreprises et les PME regroupent près de la moitié des effectifs en équivalent temps plein en 2009, avec plus de 6 millions d’emplois et 3 millions pour les ETI.

Aucune autre donnée plus récente n’est fournie dans le rapport.

Début 2009

Moins de

10 sal

PME

mono-unité

PME en

groupe

ETI

Grandes

entreprises

Total

Dont  sous contrôle

groupe étranger

Effectif permanent en Mil

2,4

2,1

1,4

2,9

4,0

12,8

1,8

%

18,8

16,4

10,9

22,7

31,2

100

14,

Après une progression de 0,5% en 2011, l’emploi se replie de 0,6% en 2012 (une perte de 92 000  emplois) ; dans l’Industrie, où les ETI sont fortement représentées, l’emploi a reculé de 0,9% (72 000 emplois); la construction perd 14 000 postes, le tertiaire marchand 48 000 postes et l’intérim 41 000 postes. 23% des PME innovantes (13% des non innovantes) ont accru le nombre de salariés en 2012, 21% l’ont diminué (idem pour les non innovantes) ; par contre les exportatrices ont peu progressé.

En mai 2013, 21% des PME annoncent une diminution de leurs effectifs salariés sur les premiers mois de l’année tandis que 16% déclarent une hausse ; les PME ont maintenu leurs effectifs dans les services aux entreprises, l’Industrie, le commerce de gros et les services aux particuliers, alors que des postes ont été supprimés dans le commerce et la réparation automobile, le bâtiment, le commerce de détail et le tourisme.

Pour 2014, 17% des PME envisagent un accroissement du nombre de leurs salariés (notamment les services aux entreprises, l’industrie et le commerce de gros) et 13% une diminution (bâtiment, commerce, tourisme). Les anticipations de création nette d’emploi augmentent avec la taille de l’entreprise, en relation avec les perspectives d’évolution de l’activité ; en outre, seules les PME innovantes et/ou exportatrices pensent accroître leurs effectifs en 2014, les autres tablant au mieux sur une stabilisation au niveau actuel.