Autoentrepreneur et plate-forme numérique ; quels choix, quels enjeux ?


« La France du bon coin : le micro-entrepeneuriat à l’heure de l’économie collaborative. », Institut de l’Entreprise, septembre 2015

Méthodologie : une enquête de terrain auprès de 50 micro-entrepreneurs

 

« En France, tirant parti de la flexibilité introduite par la création du statut juridique d’autoentrepreneur et s’appuyant sur des places de marché digitales en plein essor, plus de 200 000 personnes proposent leurs services pour des missions ponctuelles (bricolage, transport de personnes, déménagement, etc.)…Le site Leboncoin est devenu un acteur majeur,… prémices d’une révolution du travail (celle du travail à la demande) ou manifestation de la précarisation croissante de nos sociétés »

 

Il existe deux sortes de plateformes digitales opposées :

–  les opérateurs, visant une qualité de service homogène, sélectionnant leurs prestataires, exigeant d’eux qu’ils aient un statut juridique, et tentant de les fidéliser via des systèmes de primes, des formations ou des services d’accompagnement, avec encadrement des prix et gestion totale de la relation client.

– les plateformes d’intermédiation, limitant leur intervention à de l’intermédiation et favorisant un large accès au marché

L’une et l’autre favoriseraient la précarisation des intervenants et le développement de pratiques de concurrence déloyale à l’égard des acteurs traditionnels.

 

Quatre profils de bénéficiaires ont été identifiés :

• les « malins » : ceux-ci ont un statut (salarié, fonctionnaire, retraité), et des revenus fixes ; ils souhaitent optimiser leur temps et « arrondir leurs fins de mois ». Ils privilégient les plateformes d’intermédiation, parce qu’ils disposent des compétences suffisantes et sont en position de négocier leurs tarifs

• les « serviables » ; minoritaires, ils participent à l’esprit de l’économie collaborative, cherchant plus à créer du lien social que l’appât du gain

• les « micro-franchisés » : ils ambitionnent à terme de tirer l’essentiel de leurs revenus de leur activité et privilégient les opérateurs

• les « contraints » : ce sont des personnes vulnérables (bénéficiaires de minima sociaux, sans-papiers), dont la démarche relève d’une logique de survie ; ce choix ne leur apporte que rarement une protection sociale