Les commerces des centres-villes de commune de taille intermédiaire déclinent.


"La déprise du commerce de proximité dans les centres-villes des villes de taille intermédiaire ", insee Première N°1782, novembre 2019

Définitions :

Le pôle commerçant est un groupe de 20 établissements ou plus et séparés de moins de 200 mètres. Il est qualifié de «centre-ville» si ses établissements, et proches du centre de la commune.

Les villes de taille intermédiaire (VTI) sont définies comme les agglomérations occupant le centre des moyennes ou grandes aires urbaines, ainsi que celles situées dans les couronnes péri-urbaines de ces moyennes ou grandes aires urbaines – dès lors qu’elles offrent plus de 5 000 emplois. Les agglomérations de plus de 150 000 habitants en sont toutefois exclues.

Le commerce de proximité est défini par un ensemble d’activités économiques répondant
à des actes de consommation de la vie courante.

Source : d’une part le répertoire Sirene géolocalisé des unités légales et des établissements, et du répertoire statistique Sirus, filtrés sur les secteurs d’activités du commerce de proximité. Elles sont enrichies des statistiques annuelles d’entreprises (issues du dispositif Ésane combinant les données fiscales et les enquêtes sectorielles annuelles), des données Clap (Connaissance locale de l’appareil productif) sur les effectifs salariés à l’échelle établissement entre 2009 et 2015. D’autre part, les données socio-démographiques sur les ménages proviennent de Filosofi (fichier localisé social et fiscal), des recensements de la population 2010 et 2016. La base permanente des équipements a également été mobilisée pour enrichir les informations sur les VTI. 

 

Les commerces de centre-ville dans les communes de taille intermédiaire sont focalisés sur des activités pour partie proportionnellement différentes de leur espace communal tout entier. Leur nombre a tendance à chuter; les commerces s’y renouvellent beaucoup.

 

Les pôles commerçants de centre-ville revêtent un rôle particulièrement important dans les villes de taille intermédiaire (VTI). Cet ensemble est composé de 368 villes, et constitue un maillage du territoire métropolitain complémentaire de celui des métropoles, avec une dynamique commerciale de centre-ville moins favorable, malgré un éventail comparable de secteurs d’activité. En 2015, un tiers de leurs salariés du commerce de proximité travaillent dans ces pôles.

 

Les centres-villes des VTI sont principalement structurés autour des activités commerciales de la personne (habillement, chaussures, optique, pharmacie), de la restauration et des débits de boissons, des commerces alimentaires et des agences bancaires et immobilières. Les trois quarts des salariés du commerce de proximité en centre-ville travaillent dans l’un de ces domaines.

 

À l’échelle de l’agglomération entière, l’importance de ces différents secteurs n’est plus la même. Les agences bancaires et immobilières représentent une proportion des effectifs salariés du commerce de proximité bien plus importante dans le centre-ville (17%) que dans l’agglomération toute entière (7%); il en est de même pour l’équipement de la personne, qui emploie la plus grande part des salariés des centres-villes (22%), alors que ce n’est que le troisième secteur le plus pourvoyeur d’emploi salarié au niveau de l’agglomération (14% des effectifs). Les commerces alimentaires représentent à l’inverse seulement 18% des effectifs salariés des pôles commerçants de centre-ville alors qu’à l’échelle de l’agglomération ce secteur emploie 30% des effectifs salariés.

 

Au sein des VTI, 78% des emplois relevant des agences bancaires et immobilières sont localisés en centre-ville, alors que 19% des salariés des commerces alimentaires et de l’équipement de la maison sont situés en centre-ville. Les centres-villes ne représentent qu’une partie minoritaire de l’emploi dans ces secteurs, au profit de zones plus périphériques ou de commerces isolés, plus à même d’accueillir des magasins nécessitant une grande surface d’exposition.

Une structure d’activités qui varie avec la taille du centre-ville : les plus petits sont davantage structurés autour des agences bancaires et immobilières, des commerces alimentaires et des soins corporels. A contrario, lorsque la taille du centre-ville augmente, c’est au profit d’activités plus axées sur la restauration et les débits de boissons, ou l’équipement de la personne. Au-delà de 300 établissements, la structure se stabilise : un quart des établissements sont dans l’équipement de la personne, un quart à un cinquième dans la restauration et les débits de boissons, un huitième dans les commerces alimentaires, et un dixième dans les services et soins corporels, l’équipement de la maison ou les agences bancaires et immobilières.

 

La dynamique commerciale des centres-villes des VTI est globalement orientée à la baisse en France : entre 2009 et 2015, les effectifs salariés du commerce de proximité en centre-ville diminuent annuellement de plus de 1,4% dans la moitié d’entre elles; pour 82% des centres-villes des VTI, l’évolution tendancielle est négative.

 

Les centres-villes des VTI se renouvellent fortement entre 2009 et 2015 : 45,5% des établissements de 2015 n’étaient pas actifs sous la même immatriculation en 2009, alors que 47,5% des établissements actifs en  2019 ne sont plus présents sous cette immatriculation en 2015.

 

La baisse des effectifs s’observe dans la totalité des régions métropolitaines. L’emploi salarié du commerce de proximité en centre-ville est en fort déclin notamment dans les VTI de Bourgogne-Franche-Comté, du Grand Est et des Pays de la Loire.

 

La situation du centre-ville est dégradée par rapport à celle de son agglomération Les commerces des VTI dans leur ensemble se portent globalement mieux que leurs pôles commerçants de centre-ville.

Parmi les 361 VTI contenant de tels pôles, les effectifs salariés du commerce de proximité augmentent pour 52% d’entre elles; les effectifs salariés du commerce de proximité décroissent en centre-ville mais augmentent dans l’agglomération dans 37% des VTI.

 

Le dynamisme des villes dans leur globalité et celui de leurs centres-villes varient selon les régions :

-en Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, les effectifs salariés augmentent modérément dans les VTI dans leur ensemble (entre + 0,5% et + 1% par an) tout en diminuant dans leurs centres-villes (entre – 0,5% et – 0,8%). L’activité hors centre-ville (zones peu denses en magasins, ou zones périphériques) soutient donc l’augmentation des effectifs salariés du commerce de proximité dans les VTI de ces régions.

-L’écart entre le dynamisme des villes et celui de leurs centres-villes est particulièrement élevé dans les Pays de la Loire, en Nouvelle-Aquitaine ou en Bretagne. Si les activités commerciales des centres-villes des VTI sont globalement en recul entre 2009 et 2015, celles des VTI dans leur globalité résistent mieux.

-À l’échelle de la France métropolitaine, 600 établissements et 3500 emplois salariés sont détruits dans les centres-villes de l’ensemble des VTI chaque année entre 2009 et 2015. Sur la même période, ces agglomérations connaissent une augmentation de 100 établissements et 1600 salariés par an.

 

Trois profils de VTI se distinguent au regard de leurs caractéristiques sociales, économiques et démographiques :

-Certaines VTI connaissent des évolutions démographiques et socio-économiques favorables : la population y croît de 3% en moyenne entre 2009 et 2015, et le ratio d’actifs occupés se dégrade moins que dans les autres VTI; ce groupe est constitué de plus petits centres-villes, structurés autour des commerces de détail alimentaires. 29% des centres-villes sont en croissance, en matière d’effectifs salariés du commerce de proximité.

-D’autres VTI ont une forte composante touristique : les VTI se structurent autour de centres-villes plus importants, avec plus de restaurants et de débits de boissons et sont en croissance dans 22% des cas.

-Enfin, d’autres VTI sont dans des situations plus complexes, souvent en déprise démographique, avec un centre-ville en décroissance plus de neuf fois sur dix. 

 

Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4248184