La création d’entreprises artisanales joue peu l’autoentrepreneuriat.


"Tableau économique de l"artisanat" ISM, juin 2018

Méthodologie : source le fichier Siren de l’Insee limité aux entreprises artisanales (“noyau dur “, hors notamment les activités secondaires).

 

Il m’a semblé important d’aller plus avant dans l’exploitation des données fournies pour mieux situer l’artisanat au regard des autoentrepreneurs, alors que le nombre des créations 2017 était en situation bien moins favorable que les autres créations. Le lecteur trouvera par ailleurs davantage de chiffres par secteur d’activité dans le document que je n’en donne dans l’article ci-dessous, m’étant attaché à mettre en avant la forte progression dans des activités en direction de nouveaux marchés.

 

Les créations d’entreprises artisanales se focalisent bien plus sur les créations non autoentrepreneurs que les autres créations. Si les activités traditionnelles évoluent peu en nombre, il en est autrement d’activités spécialisées en phase avec de nouveaux marchés.

 

⇒ Les créations d’entreprises sont 26% de l’ensemble des créations, en baisse au regard des années antérieures (28 à 30,6%).

Les créations artisanales 2017 n’ont pas suivi la forte évolution connue au sein des autres créations entre 2016 et 2017 : 155 200 en 2017 (+1% par rapport à 2016, vs +17,9% pour les entreprises non artisanales), du fait de la poursuite de la baisse des autoentrepreneurs (notamment du fait du BTP), alors qu’ils augmentaient dans les autres créations, notamment du fait des services ; l’évolution des flux tout type de création dans les entreprises artisanales et les autres entreprises entre 2009 et 2016 comparé à 2017 est négative pour les créations artisanales (-8,7%), alors qu’elle est positive pour les autres créations (+13,3%) :

Clairement le décalage provient de la forte chute des autoentrepreneurs au sein de l’artisanat (entre 61,9 à 59,2% entre 2009 et 2012 à 25,5% en 2017) ; ces derniers sont désormais peu présents dans l’artisanat (15% dans l’alimentaire, 22% dans le BTP et à peine 1/3 dans les autres activités); certains métiers aux rémunérations modestes y recourent davantage (photo, métiers d’art, réparation…) 

Alors que celui des entreprises classiques est nettement plus favorable avec +33,5% d’entreprises classiques en 2017 au regard de la moyenne 2009-2016 vs +21% pour les autres entreprises; les entreprises artisanales y sont par ailleurs le tiers des créations :

⇒ Si le flux des entreprises de services au sein de l’artisanat progresse notamment entre 2015 et 2017 (de 45 200 à 48 900), celui des entreprises de l’alimentation et de la fabrication est stable (respectivement de 12 100 à 12 500 et de 15 900 à 16 600), alors que celui du BTP régresse (de 60 900 à 57 100).

 

 Plus précisément, en tendances, les activités “traditionnelles”, les plus nombreuses, sont dans la stabilité voire une légère régression, alors que des activités nouvelles apparues avec l’évolution des marchés, certes assez peu nombreuses, sont en évolution favorable :

Au sein du BTP (37% des créations artisanales, baisse de 4% en 2017 au regard de la moyenne 2015-2016), les grands secteurs d’activité (90% des créations de ce secteur) affichent une tendance à la stabilité voire une légère diminution (maçonnerie, couverture, travaux électriques, plomberie, travaux de finition), alors que certaines activités plus spécialisées progressent davantage (+125% pour la gestion des déchets, +111% pour l’isolation, +56% entre 2007 et 2017 pour les travaux d’étanchéification des bâtiments…).

-Au sein des services (31,5% des créations, hausse de 6,3%), l’évolution est favorable, notamment dans les transports (+1477% pour le nettoyage des bâtiments, +641% pour les activités photographiques, +454% pour les taxis et VTC, , mais aussi +74% les soins de beauté) alors que les activités de garage, de réparation d’autres biens, la coiffure, les pressings connaissent une baisse.

-Au sein de la fabrication (10,7% des créations, hausse de 3,4%); progressent fortement les textiles avec +382%, la maroquinerie +321%, alors que sont stables les activité du travail des métaux, et que chutent la fabrication de meubles, l’imprimerie. Noter la forte progression aussi de fabrication de bijoux fantaisie avec +469%, la fabrication de savon +277%.

-Au sein de l’alimentation (8% des créations, hausse de 1,3%); les activités les plus nombreuses (boulangeries, et plats à emporter) évoluent peu, alors que celles plus spécialisées évoluent plus favorablement (+1030% pour la fabrication de bières artisanales, +442% pour les plats à emporter, +205% pour les pâtisseries, glaciers et confiseurs,); noter la poursuite de la chute des boucheries.

 

⇒ Si la création d’entreprises artisanales chiffre 26% des créations totales en 2017, elles sont 40% des créations en Corse, contre 25 à 31% dans la plupart des régions à l’exception de l’île-de-France (20%) et des DOM (pour 3 d’entre eux entre 21 et 24%).

La part des créations pour 10 000 habitants est forte dans le sud, 3 fois plus élevée que dans l’est et le nord.

Toutefois, entre 2007 et 2017, la croissance a été forte en Île-de-France et faible dans les autres régions.

 

⇒ Hors autoentrepreneur, les créations classiques sont au démarrage 91,4% à ne pas avoir de salariés, 7% à en avoir 1 ou 2, 1,5% à en avoir au moins 3.

51% des créations hors autoentrepreneurs sont 51% en entreprise individuelle, 20% en Sasu, 11% en Sarl, 9% en EURL et 9% en SA.