“Anciens détenus, ils sont devenus chefs d’entreprise après la prison”


"Anciens détenus, ils sont devenus chefs d'entreprise après la prison" Les Echos Entrepreneurs du 14 novembre 2018

 « La création d’entreprise est un moyen pour se reconstruire après la prison », explique dans les Echos la chercheuse Maryline Bourdil (enseignante chercheuse à Montpellier Business School).

La chercheuse s’est entretenue notamment avec 11 anciens détenus, allant de 31 à 61 ans, avec des durées de détention de 7 mois à 25 ans.

 

Ils ont fondé leur entreprise dans des secteurs variés : la restauration, l’artisanat ou l’informatique. L’un d’eux est même devenu auteur de contes. Sur les 11 personnes interrogées, 5 ont choisi de fonder des associations, notamment pour apporter de l’aide aux anciens détenus.

Rappelons que 25% des sortants de prison réussissent à trouver une activité professionnelle régulière dans les douze mois après la sortie,

D’où l’intérêt de créer son entreprise, notamment aussi pour se reconstruire et retrouver un sens à leur vie, une occasion de se rattraper et de montrer sa détermination à saisir une  « deuxième chance », de développer l’estime de soi; mais c’est un choix difficile : fragilisation mentale, infantilisation, déresponsabilisation, manque d’accompagnement et de réseau.

 

Ces créateurs d’entreprise compensent par de l’auto-efficacité : ils développent une personnalité prête à toute épreuve et une culture de la « débrouille », préférant ne compter que sur eux-mêmes.

 

 

 

La principale barrière à l’entrepreneuriat se trouve surtout dans le manque de qualifications et d’accompagnement des anciens détenus.

Pour Maryline Bourdil, « il serait important de mettre en place un programme pilote consacré à l’entrepreneuriat dans une prison, quitte à l’étendre à d’autres prisons si cela fonctionne. » De telles initiatives commencent à apparaître en France. Le projet l’Excubateur, qui devrait voir le jour en 2019, vise à changer la perception des personnes en réinsertion et à lutter contre la récidive en montant un programme d’accompagnement à la création et reprise d’entreprise, à destination des détenus.