Quelques propos glanés autour de l’entrepreneuriat


4 articles des Echos autour de l'entrepreneuriat, juillet 2017

4 articles des Echos Business posent question sur ce qu’est l’entrepreneur : j’en extrait les constats et interrogations qui m’ont paru utiles :

-Les 4 piliers du leadership responsable du XXIème siècleCHRISTIAN VOEGTLIN, AUDENCIA BUSINESS SCHOOL le 24/02/17

-« Non, les entrepreneurs ne sont pas de grands enfants », GASPARD KOENIG Le 01/07/17

-Uber, le côté obscur des licornes, BENOIT GEORGES Le 29/04/17 

 

et 2 articles de la Croix -Les nouvelles finalités de l’entreprise du 03/07/2017 

-Faut-il transposer ces statuts en droit français ?  du 03/07/2017  

 

“La figure du dirigeant responsable ne doit pas répondre qu’à un simple effet de mode. L’heure est à l’engagement pour en faire un vrai changement culturel…qui permet non seulement de faire évoluer le monde et la société, mais également de booster l’innovation et la rentabilité” selon Christian Voegtlin, professeur associé à Audencia Business School. Les chefs d’entreprise ne doivent pas seulement se contenter d’assumer leurs responsabilités envers leurs actionnaires, mais aussi envers la société et l’environnement.  

Qu’est-ce donc qu’un leadership responsable? 

-Premier élément-clé, la capacité à formuler des jugements éthiques éclairés sur les normes et les règles en vigueur suppose de prendre position sur des aspects sociétaux ou organisationnels jusqu’à dénoncer des pratiques jugées non éthiques pour que l’impact sociétal soit significatif.

-Second élément : la consultation de toutes les parties prenantes, favorisant des relations saines avec les interlocuteurs ayant un intérêt direct dans l’entreprise, et la nécessaire coresponsabilité. Le défi est de réussir à accommoder leurs objectifs contradictoires via une gestion de la complexité d’une logique à la fois économique et sociale.  

Le fondateur d’Uber, Travis Kalanick, vient d’être mis à la porte par ses actionnaires, comme jadis Steve Jobs. « Bad boy », « sulfureux », « orgueilleux », juge la presse, reprise dans son article par GASPARD KOENIG. “Loin de moi l’idée d’excuser le harcèlement sexuel ou les mauvaises pratiques (dont la plus révoltante, à mes yeux, est la géolocalisation sournoise effectuée par Uber, qui engrange en permanence les données de ses utilisateurs). Uber est d’ailleurs soumis à de sérieux concurrents, comme Lyft aux Etats-Unis ou Chauffeur Privé en France, qui mettent en avant des comportements plus éthiques et que j’ai personnellement tendance à privilégier. Mais il ne faudrait pas pour autant faire de l’entrepreneur un angelot.

 

-Sa responsabilité sociale, c’est avant tout de réussir

– pour ses employés, pour ses clients, et pour changer le monde par la même occasion.” Dans sa Théorie du développement économique, Schumpeter compare l’entrepreneur à un fondateur d’empire, s’enivrant de pouvoir, cherchant la joie de la conquête et la jouissance de l’indépendance; il ne cherche ni la fortune ni le bonheur, mais l’exaltation de la création, qui le place en rupture vis-à-vis de sa société et de ses mœurs, à l’opposé d’un pur homo oeconomicus froid et calculateur.

Le « leadership », selon Schumpeter, c’est cette capacité à contester l’ordre établi, à supporter la réprobation publique, à persévérer sous les sifflets. Il semble que Travis Kalanick réponde bien à ces critères : Uber n’a jamais hésité à outrepasser la loi et à forcer la bienséance.  

 

Dans l’article, “Uber, le coté obscur des licornes”, traite de la disruptionune innovation de rupture, suffisamment puissante pour qu’un nouvel entrant puisse balayer des acteurs bien établis. De fait Uber s’est construite dès le départ une image de franc-tireur, en lutte contre ses adversaires, qu’il s’agisse de concurrents (les chauffeurs de taxi, Lyft, etc.) ou de régulateurs (les villes, les juges…), tour à tour présentés comme inefficaces, inaptes au changement ou corrompus. Cette stratégie agressive a permis à Uber de séduire et de fidéliser, en un temps record, des millions de clients dans toutes les grandes villes du globe.; dans une analyse parue fin 2015, le cabinet de conseil FaberNovel comparait Uber à un virus, capable de se répandre et de muter pour « annihiler la concurrence ». Mais ce virus a fini par créer une culture d’entreprise « toxique », comme l’ont reconnu fin février deux de ses investisseurs historiques, Freada et Mitch Kapor.  

 

Aux États-Unis apparaissent de nouveaux statuts d’entreprises, associant lucrativité et intérêt général ; sans renoncer à la performance économique, l’entreprise peut ainsi définir de nouvelles règles de gouvernance et contribuer à la transformation de la société et à la défense de l’intérêt général.

Un premier statut de benefit corporation a été créé en 2010 dans l’État du Maryland; 2 autres ont suivi : le social purpose corporation (société à but social) en 2012 en Californie, puis le public benefit corporation (société d’intérêt public) en 2013 dans le Delaware. « L’enjeu est de corriger cette priorité absolue accordée aux actionnaires et de permettre aux dirigeants d’engager des investissements de long terme au service d’une mission partagée avec l’ensemble des parties prenantes (salariés, fournisseurs, clients, créanciers…) ».

Adoptées par une trentaine d’États américains, ces entreprises à mission commencent à rencontrer un certain succès, avec environ 5 000 sociétés enregistrées sous l’un des trois statuts.   Des chercheurs de l’École des mines ParisTech (“Armand Hattchuel et Blanche Segrestin)  ont engagé il y a plusieurs années une démarche en ce sens dans le cadre d’une équipe pluridisciplinaire au collège des Bernardins.