A 3 ans, 73% des créations d’entreprise en Ile-de-France sont pérennes


"Trois entreprises franciliennes sur quatre sont toujours en activité trois ans après leur création", Crocis, Insee Ile de France, N°182, mai 2016

Méthodologie : exploitation de l’enquête Insee SIne 2010-2013 Sine est un dispositif permanent d’observation d’une génération de nouvelles entreprises tous les quatre ans. L’échantillon utilisé pour l’enquête contient 52 000 entreprises créées au premier semestre 2010, et parmi elles 5 630 entreprises franciliennes. Elles ont été enquêtées à trois reprises, en 2010, 2013 et 2015. Seules les deux premières enquêtes sont exploitées dans cette étude. L’étude couvre l’ensemble des entreprises, hormis les autoentrepreneurs, dans l’ensemble des activités économiques marchandes, à l’exclusion des activités agricoles.   Au cours du premier semestre 2010, 29 000 entreprises ont été créées en Ile-de-France, hors régime de l’autoentrepreneur.

 

Après trois ans d’existence, 73% (contre 70% en province) sont toujours en activité, une situation plus favorable que pour la génération 2006 (62,5%) ; l’écart favorable du taux de pérennité se creuse dès la 2éme année :  

 

 

Le décalage avec la province s’explique par le fait que les activités traditionnellement plus fragiles comme la construction, le commerce et l’hébergement-restauration concernent 44% des entreprises franciliennes créées en 2010, contre 53% en province ; à contrario, des activités plus robustes, telles que les activités spécialisées, scientifiques et techniques, représentent 21% des entreprises créées en Ile-de-France, soit deux fois plus qu’en province et 8% des entreprises du secteur de l’information et la communication, contre seulement 2% en province.

 

En Ile-de-France comme en province, le taux de pérennité des entreprises crées par des diplômés du supérieur est plus élevé que ceux disposant au mieux du baccalauréat (76% contre 69 %). Par ailleurs, la pérennité des entreprises créées par des chômeurs est de 74% (contre 64% en province) ; en Ile-de-France, 55% des chômeurs créateurs possèdent un diplôme supérieur au baccalauréat, contre 35% en province.

Comme en province, l’âge et le sexe du créateur n’influent pas significativement sur la pérennité à trois ans de son entreprise. Les entreprises employant des salariés au démarrage sont un plus pérennes que les entreprises non employeuses (79% contre 75). Les entreprises démarrant avec de faibles moyens financiers (moins de 4 000€) sont plus pérennes en Ile-de-France qu’en province (72% contre 66%), sans doute en lien avec la forte représentation dans la région capitale des activités spécialisées, scientifiques et techniques et des activités de services administratifs et de soutien.  

 

Fin 2013, environ 57 000 personnes (dont 39 000 salariés) travaillent dans les entreprises franciliennes créées au cours du premier semestre 2010, soit 3 000 de plus qu’à la création (gains de 20 000 dans les entreprises toujours actives et pertes de 17 000 liées aux disparitions d’entreprises) ; l’emploi total augmente ainsi de 6% en Ile-de-France, alors qu’il stagne au niveau national. Le nombre d’entreprises employeurs a doublé : parmi les 18 300 entreprises en activité, 7 000 emploient des salariés (hors dirigeant salarié) fin 2013, contre seulement 3 500 en septembre 2010 ; par ailleurs, les effectifs salariés ont augmenté dans quatre entreprises pérennes sur dix (contre un tiers en province) ; dans la construction, les effectifs salariés ont augmenté dans 55% des entreprises pérennes, triplant entre 2010 et 2013 ; dans les services, il a plus que doublé, alors que la hausse a été plus modérée dans l’industrie et le secteur du commerce-transports-hébergement-restauration.  

 

Le chiffre d’affaires a augmenté dans 42% des entreprises pérennes entre septembre 2010 et décembre 2013,  alors qu’il a été stable dans 35% et a baissé dans 23%. Pour quatre entrepreneurs sur cinq, l’objectif au cours des trois premières années a été de tenter de sauvegarder, maintenir ou accroître légèrement leur activité, alors qu’un entrepreneur sur cinq a eu pour objectif de l’accroître fortement. Toutefois,  les 2/3 ont mis en place des actions commerciales (démarchage, prospection…). 45% disposent d’un site internet (38% pour la génération 2006), mais la vente en ligne ne concerne que 8% de l’ensemble et 12% des commerces de détail.  

 

Un tiers des entreprises pérennes ont effectué des tâches de sous-traitance entre 2010 et 2013 ; pour  la moitié d’entre elles, la sous-traitance a été la principale source de chiffre. En 2013, 85% des entreprises pérennes ont recours à des services extérieurs payants. Notamment, huit sur dix externalisent leur comptabilité. Sept entrepreneurs sur dix ne se sont pas formés durant les trois premières années de la vie de leur entreprise, dont la moitié ayant déclaré ne pas en avoir eu besoin.  

 

31% des chefs d’entreprise de la génération 2010 estiment n’avoir rencontré aucun problème particulier (36% pour la génération 2006). Les principaux problèmes rencontrés sont le plus souvent des problèmes commerciaux, de débouchés et de concurrence et, dans une moindre mesure, des problèmes financiers.

Plus de la moitié se déclarent insatisfaits du dernier exercice financier de leur entreprise ; 36% déclarent avoir eu des problèmes de trésorerie fréquents. Parmi ces entrepreneurs, 65% citent les charges trop élevées et 43% les retards de paiement de clients comme sources de difficultés.

Les 3/4 déclarent ne pas avoir rencontré d’obstacles pour investir ; parmi les autres, 39% évoquent le manque d’aide des banques comme principal obstacle, et 26% le manque de fonds propres. Pour financer leur projet d’investissement, les entrepreneurs ont principalement eu recours à l’autofinancement (47% des entreprises) et aux emprunts bancaires (41%), loin devant les ressources personnelles du chef d’entreprise (23%).  

 

39% pensent développer leur entreprise, et 45% la maintenir dans la situation actuelle ; 16% ont l’intention d’embaucher dans les douze prochains mois (et 4% licencier).