10 familles différentes de métiers selon l’exposition aux risques professionnels


« Des risques professionnels contrastés selon les métiers », Dares Analyses N° 39, mai 2014

L’analyse descriptive des conditions de travail par famille professionnelle à partir des données de l’enquête Sumer met en évidence des similitudes et des oppositions entre ces familles permettant de distinguer 10 groupes de métiers parmi les 61 considérés, en fonction de leur exposition à 8 dimensions des conditions de travail : les contraintes physiques, les contraintes de rythme de travail, les risques chimiques, les risques biologiques, les contraintes organisationnelles, les marges de manœuvre, les relations dans le travail, le vécu et la reconnaissance au travail

 

Métiers du bureau (20%)

Ces métiers regroupent des salariés qui ont des horaires « de bureau », c’est-à dire des horaires en général identiques d’un jour à l’autre et rarement atypiques (peu de travail le week-end, en soirée ou de nuit) ; ils sont peu concernés par les contraintes physiques intenses mais impliquent souvent un travail prolongé sur écran.

Cette classe regroupe des métiers plutôt féminisés (à l’exception des employés, opérateurs et techniciens de l’informatique, plutôt masculins).

Les salariés travaillent généralement en contact avec du public et ne sont pas épargnés par les risques psychosociaux (employés et techniciens de la banque et des assurances et les professions intermédiaires administratives de la fonction publique).

Dans la plupart de ces métiers, les erreurs entraînent moins souvent que la moyenne des conséquences graves.

 

Professions intellectuelles supérieures « actives » (19%)

Ces métiers se caractérisent par une charge de travail importante et un travail intense avec des objectifs chiffrés précis (notamment dans les métiers du commerce, de la banque et des assurances). Dans beaucoup de ces métiers, les salariés considèrent très souvent qu’une erreur pourrait entraîner des coûts financiers importants.

Ils ont en outre beaucoup de marges de manœuvre : ils sont plus nombreux que la moyenne à estimer qu’ils reçoivent le respect qu’ils méritent de leurs collègues.

 

Métiers d’ouvriers « passifs » et peu reconnus (12 %)

Ils se caractérisent par des contraintes physiques intenses et par une forte exposition au bruit ; ces métiers, souvent ouvriers, sont en outre souvent exposés à des produits chimiques.

Ils se caractérisent par une charge de travail peu élevée et une faible demande psychologique, ainsi que par de faibles marges de manœuvre Ils ont souvent un travail posté et une majorité d’entre eux occupe différents postes, dans le cadre d’une rotation régulière ou en cas d’urgence ou d’absence d’un collègue. Ils sont particulièrement nombreux à subir au moins trois contraintes de rythme de travail et à ne pas pouvoir faire varier les délais fixés.

Les erreurs dans le travail entraînent souvent des conséquences graves, notamment pour la qualité du produit ou du service, ou des coûts importants pour l’entreprise, et ces ouvriers doivent souvent suivre des procédures de qualité stricte.

Rarement en contact avec le public, mais ils subissent toutefois fréquemment des comportements méprisants.

Ils portent un jugement plutôt négatif sur leur travail et considèrent souvent que leur travail est mauvais pour leur santé ; ils se sentent particulièrement peu reconnus dans leur travail et estiment qu’ils sont traités injustement, qu’ils ne reçoivent pas le respect qu’ils méritent, que leurs perspectives de promotion sont faibles, ou encore que leur sécurité d’emploi est menacée.

Les ouvriers de cette catégorie travaillent souvent dans des entreprises d’au moins 50 salariés.

Le travail temporaire est plus fréquent dans ces métiers que sur l’ensemble des professions.

 

Métiers de la vente et de l’hôtellerie-restauration (10 %)

Les salariés travaillent souvent le week-end et n’ont pas toujours 48 heures consécutives de repos dans la semaine et ont moins souvent les mêmes horaires tous les jours que la moyenne ; Ils sont souvent amenés à occuper différents postes, dans le cadre d’une rotation régulière ou en cas d’urgence ou d’absence d’un collègue.

Par ailleurs, il s’agit de métiers plutôt physiques, qui impliquent notamment de travailler longtemps debout.

Ces salariés sont très nombreux à indiquer qu’ils doivent souvent ou toujours se dépêcher pour faire leur travail. Ils ont des marges de manœuvre relativement limitées. Par contre ils considèrent souvent que leurs supérieurs apprécient leur travail à sa juste valeur et les respectent ; ils estiment relativement rarement que leur sécurité d’emploi est menacée.

Ces salariés sont plutôt jeunes et travaillent souvent dans des entreprises de moins de 50 salariés.

Ils travaillent plus souvent à temps partiel que la moyenne.

 

Métiers « intermédiaires » de l’industrie et du transport-logistique (7 %)

Il s’agit d’une classe « moyenne » pour ce qui est des conditions de travail. Elle ne se caractérise pas par des conditions particulières pour ce qui est des contraintes horaires, des risques physiques, chimiques ou biologiques, ou encore des relations dans le travail. Ces salariés sont toutefois nombreux à subir au moins trois contraintes de rythme et ils ont souvent des contraintes organisationnelles.

Ils estiment très souvent qu’une erreur pourrait entraîner des conséquences graves à plusieurs niveaux (pour la qualité du produit ou du service, des coûts financiers importants pour l’entreprise, voire même des conséquences dangereuses pour leur sécurité ou celle d’autres personnes, ou des sanctions).

Ils doivent souvent suivre des procédures de qualité strictes et ils sont relativement nombreux à devoir atteindre des objectifs chiffrés précis et passer des entretiens individuels d’évaluation annuels. Mais ils sont moins nombreux que la moyenne à estimer recevoir le respect et l’estime qu’ils méritent à leur travail vu tous leurs efforts.

Cette classe regroupe des métiers plutôt masculins.

 

Métiers à risques physiques et chimiques, mais avec un bon vécu au travail (7%)

Les contraintes physiques sont intenses et souvent multiples (notamment des contraintes posturales et du travail en station debout, exposition au bruit). Ce sont aussi les métiers les plus exposés aux produits chimiques (cancérogènes) ; ils sont particulièrement concernés par la multi exposition (au moins trois produits chimiques) et par une exposition importante par sa durée ou son intensité.

Mais ces professionnels ont un bon vécu au travail et bénéficient d’un soutien social important.

Ils sont plus nombreux que la moyenne à juger que leurs perspectives de promotion sont satisfaisantes vu leurs efforts, que leur position actuelle correspond bien à leur formation et qu’ils reçoivent le respect et l’estime qu’ils méritent. Ils sont enfin plus nombreux que la moyenne à déclarer qu’ils sont satisfaits de leur travail dans l’ensemble.

Les salariés de cette classe sont plutôt jeunes et travaillent en général dans de petites entreprises (moins de 50 salariés).

 

Métiers de la santé, l’action sociale, culturelle et sportive, l’enseignement privé (5 %)

Ils sont proches des métiers « intermédiaires » de l’industrie et du transport-logistique.

Ces salariés sont plus nombreux que la moyenne à indiquer qu’ils doivent toujours ou souvent emporter du travail chez eux en raison de leur charge de travail. Ils ont peu de contraintes de rythme En outre, une erreur dans le travail entraine plutôt rarement des coûts financiers importants pour l’entreprise.

Ils subissent relativement souvent des agressions verbales de la part de leurs collègues ou de leurs supérieurs et sont moins nombreux que la moyenne à estimer que leur supérieur les aide à mener leur tâche à bien.

Ils considèrent en général que leur position actuelle correspond bien à leur formation et ils considèrent que leur travail est bon pour leur santé.

Ces professionnels travaillent souvent à temps partiel.